Résumé de la 14e partie n Georgie-Ann se rend une dernière fois à la maison de ses rêves elle imagine les nombreux spectateurs qui regardent son portrait exposé à la Galerie. Plus tard, Alexander lui apprend qu'il a été acheté au prix fort par un Japonais... Bien que j'eusse été prévenue, ce fut tout de même un choc de voir le nouvel écriteau, barré de la mention VENDU. Il ne resta pas longtemps là. Je l'arrachai et il alla rejoindre l'autre écriteau au fond de mon coffre. Alexander me découvrit perchée au sommet des marches, devant l'appartement des maîtres, aux pièces baignées de cette merveilleuse lumière du nord dont j'avais espéré qu'elle nous surprendrait tous deux, un beau matin, tendrement enlacés sous les draps. — J'étais sûr de vous trouver ici. — Et moi, je savais que vous viendriez. Georgie-Ann, je suis vraiment désolé. Mais c'est trop tard. Vous n'avez rien fait pour empêcher ça. Vous restiez là, figée. Et maintenant ça y est, la maison est vendue. Il posa une main sur mon épaule. Je me dégageai. Il fronça les sourcils. — Il faut vous résigner. Alexander s'assit à côté de moi. Il me prit la main. Elle était froide. Son sang charriait tous les mensonges qu'il avait si soigneusement forgés. Ils s'échappaient de sa bouche tels les petits glaçons rouges d'un compartiment à glace. — Je vous avais prévenue, dit-il, que quelqu'un s'intéressait terriblement à la maison. Je levai une main et, de mes doigts, interrompis le flot de paroles. Puis je me levai. — Dansons, dis-je. Une dernière fois. Je me dressai sur le plancher de la grande salle du haut. — Oui, répondit-il avec un sourire. Son soulagement était visible. Ainsi, je ne prenais pas les choses au tragique. Il avait redouté, bien évidemment, que la colère me rende folle, que j'écume de rage, pousse des hurlements et me roule sur le sol. Que des serpents me poussent sur la tête et lui sautent au visage. Et il avait bien raison de le craindre. S'était-il imaginé que je n'apprendrais pas la vérité ? Mon coup de téléphone à Charlotte avait suffi à confirmer mes craintes. Tout d'abord, Alexander m'avait, avec ses couleurs et ses pinceaux, dérobé mon image pour la vendre à l'empire des geishas. Puis, profitant de sa bonne fortune, il avait acheté la maison. A cause de cette merveilleuse lumière du nord, avait-il dit à Charlotte. Sa vie entière en avait été transformée. Il fallait qu'elle lui appartienne. Alexander avait-il l'intention d'habiter seul dans la maison ? demandai-je à Charlotte. Oui, avait-elle répondu. Ou du moins c'est ce qu'elle croyait. Au ton de sa voix, je sentis qu'elle mentait. (à suivre...)