Visite n En 1989, le Liberia est rongé par une des plus meurtrières guerres civiles en Afrique. Une tuerie fratricide qui a duré presque deux décennies et qui a fait de terribles ravages dans le pays, le rendant à la préhistoire. Mais il y avait un homme qui unissait les rivaux politiques, à chacune de ses sorties : c'était George Oppon Weah. Au tout début de la guerre, Weah, qui venait à peine d'entamer sa deuxième boucle, s'est exilé au Cameroun où il a évolué au prestigieux Canon de Yaoundé pour fuir les atrocités d'un quotidien, lequel ne lui permettait pas d'étaler son savoir-faire sur un terrain de football. Au fil des années, la barbarie contre un peuple battait son plein et l'enfant de Monrovia ne cessait de gravir les échelons. Après une année passée au Cameroun, Weah s'envole pour le vieux continent où l'AS Monaco lui tendait les bras. Le club de la principauté s'est requinqué depuis l'arrivée du Libérien, qui lui a offert plusieurs titres grâce à ses buts. Ses performances sportives ont donné un autre visage à son pays natal, le Liberia, au point qu'il se fait une réputation loin des crépitements des kalachnikovs et autres armes automatiques. Le joueur devient l'enfant adulé de tout un peuple. Aller au Liberia, implique effectuer un saut au quartier qui a vu naître l'une des légendes vivantes du football moderne. Eric, le chauffeur de taxi, nous emmène au domicile de Weah, situé au quartier Sinkor 9th street. A notre arrivée, nous trouvons le portail grand ouvert. Le joueur tient à le laisser tel quel même lorsqu'il est absent. Se trouvant actuellement aux Etats-Unis d'Amérique, où il poursuit des études, selon notre guide, Weah n'a jamais fermé les portes de sa maison à son peuple. «Il vient au Liberia deux à trois fois par an et y passe entre trois semaines à un mois. Lorsqu'il est là, c'est tout le Liberia qui vient chez lui. Weah a toujours accueilli son peuple. Au contraire, c'est à lui que revient le mérite de quelques réalisations dans le pays», nous dira Eric non sans fierté. Nous avons été invités à entrer dans la maison de Mister George et nous avons trouvé un vaste terrain de football ouvert à tous les enfants de son quartier, auxquels il a assuré la pratique du sport, les études et les soins. Tout le monde ne dit que du bien de lui et on ne peut que se rendre compte de l'importance de cet homme aux yeux des Libériens. «Liberia is Weah», nous dira un des membres du personnel qui avait la charge de la maintenance de la maison. «A chaque fois qu'il vient, c'est un déferlement humain qu'on enregistre dans sa maison. Il ne s'en lasse jamais et n'a jamais fermé le portail. Il règle toujours les problèmes de ses compatriotes qui viennent lui exposer leurs tracas», enchaîne-t-il. Weah qui s'était porté candidat au poste de président du Liberia, avait le soutien de tout un peuple. Mais pour des raisons politiciennes, il a dû s'incliner pour permettre à la présidente Ellen Johnson Sirleaf d'occuper le poste. Toujours est-il, l'ancien avant-centre du Milan AC reste la personnalité la plus estimée du Liberia. Il a offert un 4X4 à son cousin l A l'intérieur du domicile de la star mondiale, notre guide, le chauffeur de taxi, nous fera savoir que l'ex-joueur possédait plusieurs 4X4. il n'en reste plus qu'un seul, de couleur noire, couvert d'une bâche blanche. Notre chauffeur nous révèle aussi que Weah a offert une belle et luxueuse voiture à son cousin. Ce dernier ne se prive pas de l'exhiber fièrement. Il faut dire que la générosité du joueur n'a pas de limite et ce de l'aveu de tous les Libériens, qui se souviennent toujours que lors d'une édition de la CAN, Weah avait pris en charge les frais de préparation et les primes des joueurs afin de donner une belle image d'un pays toujours assimilé au génocide et aux tueries. George Weah Team à l'œuvre l Arrivé à hauteur du stade, situé un peu plus loin que le domicile, nous avons trouvé plusieurs petits enfants en train de s'adonner à une partie de football sous l'œil attentif d'un entraîneur. Nous avons appris par la suite qu'il s'agissait d'une équipe créée par la star mondiale afin de permettre aux enfants du quartier et ceux de sa famille de pratiquer le football. Les petits bambins étaient tous fiers d'appartenir à un pays où est né et a grandi un certain George Weah. Pour eux, il reste et restera leur symbole. Un des enfants nous dira que lorsque Weah rentrera au Liberia, il lui dira que des journalistes algériens sont passés à la maison. Il est clair que Weah veut, par cette action, effacer l'image de l'enfant libérien porteur d'une arme de combat et dont la guerre civile a fait une machine à tuer.