Elections Six semaines après la «Révolution de la rose» qui a chassé du pouvoir Edouard Chevardnadze, la Géorgie s'est donné, hier, dimanche, un nouveau président. Le réformateur Mikhaïl Saakachvili, dont la victoire assurée a été proclamée en Géorgie après la clôture du vote pour la présidentielle anticipée d?hier, a été le meneur du mouvement de contestation ayant abouti à la chute du président Edouard Chevardnadze fin novembre. «Ce n'est pas simplement ma victoire, mais celle du peuple géorgien. Je voudrais que nous nous unissions pour construire une nouvelle Géorgie», a dit M. Saakachvili, 36 ans, après la clôture du vote. La victoire de sa «Révolution de la rose» ? il en tenait une à la main lorsqu'il força avec la foule les portes du Parlement pour exiger la démission du chef de l'Etat ? a fait en quelques semaines de cet avocat à la veste de cuir, énergique et bon orateur, l'homme le plus populaire de Géorgie. Ancien allié d'Edouard Chevardnadze, Mikhaïl Saakachvili a mené la contestation après les élections législatives du 2 novembre, très largement considérées comme truquées. Un savant mélange de négociations ? avec pour médiateur le chef de la diplomatie russe Igor Ivanov ? et de pression populaire a conduit l'ancien président à jeter l'éponge. C'est aux Etats-Unis que Mikhaïl Saakachvili a fait ses études d'avocat (un passage à l'Institut des droits de l'Homme à Strasbourg lui a permis de connaître aussi les institutions européennes). Après avoir travaillé quelque temps dans une entreprise new-yorkaise, il est revenu en Géorgie en tant que protégé d'Edouard Chevardnadze, est devenu leader du parti progouvernemental l'Union des citoyens, puis a été nommé ministre de la Justice en 2000. «Grâce à son énergie, la réforme judiciaire a été lancée, et il a beaucoup fait pour lutter contre la corruption du système judiciaire», selon Ghia Nodia, directeur de l'Institut du Caucase pour la paix et la démocratie. Mais ce réformiste radical et pro-occidental, au large sourire, marié à une Néerlandaise parfaitement intégrée à la société géorgienne dont elle parle la langue, s'est rapidement senti mal à l'aise au sein d'un gouvernement qu'il jugeait trop «conservateur» et corrompu. Le président Chevardnadze ne l'a pas soutenu, et Mikhaïl Saakachvili a finalement démissionné en 2002, pour fonder son propre parti, le Mouvement national. Il est vite devenu l'un des leaders de l'opposition critiquant avec force le régime en place.