Réaction n Le chef de la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 6 août en Mauritanie a déclaré, hier, lundi, qu'il n'y aurait «pas de retour en arrière» dans le pays, deux mois après le renversement du président élu. Cette position a été prise par la junte en réaction à l'appel de l'Union européenne qui a exigé le «retour à l'ordre constitutionnel». «Notre processus démocratique se poursuit bien, mieux qu'avant le 6 août et le peuple soutient totalement le mouvement de la rectification (putsch)», a dit le général Mohamed Ould Abdel Aziz. «Ceux qui veulent nous ramener en arrière, cherchent à créer des problèmes à notre pays et à notre peuple, ils ne sont qu'un petit nombre de personnes qui ne cherchent que des intérêts égoïstes et qui sont rejetées par notre peuple pour leurs actes ignobles», a affirmé le général Ould Abdel Aziz. La sortie de crise «est une affaire intérieure mauritanienne» et les «états généraux de la démocratie» prévus fin novembre seront «déterminants» à ce titre, a déclaré l'officier, assurant que «si deux ou trois personnes les boycottent pour des intérêts égoïstes, cela n'affectera en rien leurs résultats». L'UE a donné, hier, un mois à ce pays pour présenter des propositions en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel, faute de quoi elle déclenchera un processus de sanctions, à l'issue d'une rencontre à Paris entre l'UE et la junte au pouvoir. Dans des «conclusions» diffusées après la rencontre, qui ressemblent fort à un ultimatum, l'UE a prévenu qu'«en l'absence de nouveaux éléments dans l'espace d'un mois, les consultations seront fermées et des mesures appropriées seront proposées aux instances décisionnelles de l'Union européenne». Par cette expression, l'UE fait référence à des sanctions prévues par l'Accord de Cotonou, liant l'UE aux pays de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique, qui peuvent aller jusqu'à un gel de la coopération en dehors des aides humanitaires. L'UE a surtout déploré que les propositions mauritaniennes «n'incluent pas une libération immédiate et sans conditions du président légitime (mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi) et restent dans un cadre fondamentalement non constitutionnel et illégitime sans perspectives de retour à l'ordre constitutionnel». Deux mois et demi après le renversement du président Abdallahi, élu en mars 2007, l'UE semble ainsi décidée à peser de tout son poids sur la junte pour l'amener à faire des concessions. L'UE et la Mauritanie ont «un désaccord de fond sur la situation, notamment au regard de la Constitution», a dit un responsable de l'UE. «Eux disent : on a fait une rectification, et nous, on dit : vous avez fait un coup d'Etat.»