Un récupérateur rencontré à Bab Ezzouar en train de marchander une vieille cuisinière avec une femme, nous explique que les récupérateurs ne procèdent pas de la même manière. Selon lui, certains revendent en l'état les objets récupérés, tandis que d'autres, plus astucieux, les réparent et les restaurent dans le but de revendre à un prix plus élevé. C'est ce qu'il compte faire justement : de la vieille cuisinière qu'il vient d'acquérir. Elle sera acheminée vers un réparateur d'appareils électroménagers et, une fois remise en état de marche, elle sera refilée à un revendeur d'objets d'occasion à Oued Kniss ou à Hammadi, les deux destinations les plus connues à Alger des objets de récupération. Les récupérateurs d'objets d'occasion sont souvent originaires de l'intérieur du pays. Ils sont plutôt mal vus par certains habitants de la capitale qui n'hésitent pas à le dire clairement. «Ces gens-là n'ont aucun scrupule, la vexation et l'intimidation ne les gênent pas. Moi, je ne peux pas faire un travail pareil. C'est une forme de mendicité, rien d'autre», explique un jeune habitant de Bab Ezzouar qui n'arrête pas de faire des commentaires avec ses amis en observant avec pitié un jeune vêtu d'un tablier bleu en train de récupérer une brouette sans roue dans une poubelle tout en criant avec une forte voix pour aviser les habitants du bâtiment de sa présence. D'autres, en revanche, ne voient pas dans l'exercice de ce métier une tare. «C'est un gagne-pain comme les autres. Les temps sont durs et chacun doit se débrouiller pour échapper aux griffes du chômage. Et puis ces gens-là rendent service à la société puisqu'ils contribuent à préserver l'environnement en ramassant les objets ferreux et autres devant les immeubles qui risquent de blesser les petits enfants qui s'amusent avec...», reconnaît un sexagénaire du même quartier.