Nuance Des «non-républicains» ont enrichi le lexique politique en parlant de pouvoir réel et de pouvoir apparent. Faute d?une meilleure expression, appelons «démocrates non républicains» les partis politiques qui entendent changer l?ordre établi en s?appuyant sur les acteurs sociaux plutôt que sur l?intervention de l?Etat. Contrairement aux républicains pour qui le peuple est une entité politique, pour les non-républicains, celui-ci est avant tout une réalité sociologique. Partant de cette analyse, cette tendance des démocrates est ouverte aux compromis pour peu que les forces politiques qui y souscrivent adhèrent à un minimum de principes. Sont démocrates tous ceux et celles qui acceptent de faire siennes les valeurs démocratiques et ce quelle que soit la chapelle politique dont ils se réclament. Le FFS est le plus grand représentant de ce courant. De façon sporadique, le FLN vient l?épauler. Sous la direction de Abdelhamid Mehri, l?ex-parti unique a signé avec le parti d?Aït Ahmed le pacte national de Sant? Egidio pour une sortie de crise. A priori, le FLN semble surfer sur deux identités. Tantôt il est non républicain, tantôt il semble être gagné par la tentation contraire. Parfois même il semble afficher une ligne médiane. C?est ainsi qu?on l?a vu rivaliser, ne serait-ce que sur le plan du discours, avec le RND sur la question du tout-sécuritaire. Le PT est aussi partie prenante des non-républicains, même s?il ne partage pas les points de vue du FFS selon lequel l?internationalisation de la crise algérienne pourrait aider à la démocratisation du régime. Wafa d?Ahmed Taleb Ibrahimi, même perçu comme islamiste, ne se réclame pas moins des valeurs démocratiques. Devant le spectre de la fraude qui commençait à peser sur les élections, son leader s?était retiré de manière spectaculaire avec Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche ainsi que trois autres candidats de la course à la présidentielle d?avril 1999. Par cet acte, les non-républicains étaient parvenus à mettre à nu un pouvoir qui prétendait défendre la démocratie. Il a enrichi le lexique politique en posant la thèse pertinente du pouvoir réel et du pouvoir apparent. Critiqué pour son inclination au compromis avec les islamistes, le pôle non républicain n?en engrange pas moins une certaine crédibilité, puisqu?à l?opposé du camp adverse il s?est montré le plus soucieux de l?issue démocratique des différents scrutins. Il s?est également activement impliqué pour battre en brèche la concorde civile de Abdelaziz Bouteflika. En 2001, le FFS a été le premier parti à rendre public un mémorandum de sortie de crise qu?il a adressé au président de la République et aux généraux décideurs. Ce document préconise une période de transition à l?issue de laquelle devraient être organisées des élections sous surveillance internationale. D?autres partis du camp républicain, à l?instar du RCD et des personnalités comme Ahmed Benbitour, ancien Premier ministre, ont emboîté le pas au FFS en élaborant des plans de sortie de crise avant que le printemps noir en Kabylie ne vienne accoucher de la plate-forme d?El-Kseur.