Discrétion n C'est le secteur le plus performant de l'industrie, le plus dynamique et aussi le plus en vue. Et pourtant il est le plus discret en ce qui concerne les grilles de ses salaires, et celui qui les crie le moins sur les toits. Vous l'avez peut-être compris. Il s'agit du secteur de l'informatique. Aux Etats-Unis, dans la Silicon Valley, de brillants informaticiens, parfois tous frais émoulus, inventent tous les jours quelque chose dans la filière et poussent de plus en plus loin les limites d'un secteur encore balbutiant. Leur salaire est naturellement négocié et varie de talent en talent et de génie en génie. Il est difficile de s'en faire une idée, mais une chose est sûre : il est de l'ordre de plusieurs millions de dollars mensuellement. Ce créneau est tellement porteur que des industriels indiens ont créé leur propre «silicon valley» ; ils forment des ingénieurs haut de gamme et les «louent» aux grandes firmes internationales qui apprécient apparemment leurs qualités techniques. Si l'informatique a permis à des managers de devenir des milliardaires à la tête de véritables empires cotés en bourse, comme Bill Gates, elle a aussi fait des heureux et la fortune de jeunes pionniers de l'aventure «google». Ces «gosses» bon chic bon genre formés dans la bonne société américaine et qui ont inventé ce site roulent aujourd'hui sur l'or et Bill Gates est considéré par les médias du monde entier comme la 2e fortune planétaire. Mais il n'y a pas que l'industrie de l'informatique qui crée des «monstres» et des milliardaires. L'industrie des cosmétiques, contrairement à l'idée absurde et farfelue que l'on s'en fait, à savoir que c'est une suite légère de supérettes, est un secteur qui arrache à prix d'or les meilleurs chimistes sur la place, les plus brillants chefs de laboratoire et les meilleurs techniciens de la parfumerie et de la pharmacie de la planète. Des milliards de dollars sont annuellement engloutis dans la recherche et les supports publicitaires dont les tops modèles assurent la couverture. Un pharmacien de haut niveau dans ce secteur peut dépasser les 10 000 dollars mensuels en Europe, bien plus aux Etats-Unis. A titre de référence, le P-DG de l'Oréal gagne plus de 20 millions d'euros par an, c'est-à-dire beaucoup plus que n'importe quel premier ministre dans le monde. C'est d'ailleurs dans ces eaux-là (18-20 millions) que nagent les plus grands P-DG des multinationales. Et lorsque l'un d'eux démissionne ou se fait remercier, ses indemnités de départ sont si importantes qu'elles scandalisent toute la classe politique et bien sûr la masse des travailleurs. Le cas du président d'Airbus éjecté de son poste avec un parapluie doré de 5,5 millions de dollars a failli déclencher une crise politique en France. Nous sommes évidemment loin, très loin, des salaires de misère qu'offrent les firmes étrangères à nos cadres. Il s'agit de salaires dévalués comparés à ceux de leurs homologues d'Europe qui sont rétribués en euros. Ce ne sont que des miettes qu'ils leur allouent dans la monnaie locale, une monnaie qu'ils méprisent et qui, pour eux, n'est que du papier imprimé.