Dénuement n A Solaya, douar de la commune d'Aghbal, la misère n'est pas un vain mot. Et il suffit d'entrer dans l'une de ces masures qui servent de maisons aux habitants pour le constater. 3 familles, soit 11 âmes, vivent dans la première maison que nous visitons. 2 enfants en bas âge jouent dans la cour et une femme fait la lessive. Un long tuyau noir parcourt le toit de l'une des pièces et renferme des fils électriques. Une bassine rouge est posée dans la cour pour le remplissage quotidien. «Avant, nous souffrions pour avoir l'eau. Mais depuis près d'une année, nous sommes soulagés car nous avons acheminé l'eau de la source vers la maison à travers un tuyau. Nous envoyons quelqu'un ouvrir le robinet de la source chaque fois que nous avons besoin d'eau. Mais, parfois il n'y a personne pour le faire et nous restons sans eau. Nous les femmes, on nous interdit de sortir pour nous approvisionner nous-mêmes», regrette-t-elle. Une autre femme de la maison profite de notre présence pour lancer un appel : «Nous voulons que l'Etat nous aide à construire nos maisons dans le cadre de l'habitat rural et que nos enfants puissent disposer du transport pour aller à l'école. Ils y vont à pied et parcourent plus de 2 km très tôt le matin.» Une voisine de la famille préfère revenir au sujet qui la préoccupe le plus : l'eau. «Je vais chercher de l'eau 3 à 4 fois par jour. Je n'ai pas le choix. Je dois aider mon mari âgé de 62 ans et qui revient du travail fatigué», nous dit-elle. Un fellah rencontré au douar assure que les habitants sont prêts à payer pour la réalisation d'un réseau d'AEP. «Je déplace difficilement la brouette. Il faut que l'Etat nous aide, nous en avons assez de nous déplacer vers la source après les heures de travail. khalti Yamina, 70 ans, se plaint, elle aussi, de ce problème : «Regardez, à mon âge je transporte l'eau en brouette de la source vers ma maison pour aider mon vieux mari malade.» Celui-ci intervient et confirme les propos de sa femme : «Nous n'avons pas d'enfants et je dois, en fin de journée, après le travail au champ, aller chercher de l'eau en brouette.» Aux douars Beni Airour et Beni Bakhti, le même calvaire est vécu par les habitants. Les familles remplissent les jerricans à tour de rôle selon des horaires fixes allant de une à deux heures par jour. Mohamed, jeune cadre de 26 ans, qui habite au douar Chehafa, affirme que les habitants de son douar se sont pris en charge eux-mêmes. «Les gens ont creusé des puits près de l'oued à 2 km du douar et ont acheminé l'eau, à leurs frais, pour leur consommation quotidienne et l'irrigation de leur jardin», dit-il. Mais le problème n'est pas totalement réglé puisque, affirme notre témoin, certains puits sont près de fosses septiques. «Ce que nous voulons, c'est l'assainissement», ajoute le jeune homme.