Résumé de la 2e partie n Les Français permutent volontairement les messages du sultan et c'est ainsi que le jeune Ecossais se retrouve porteur d'un pli virulent envers Raïssouli... Tazrout, la «capitale» du sultan des montagnes, finit par apparaître devant lui. C'est une véritable forteresse garnie de remparts impressionnants. Mac Lean s'attendait à y pénétrer, mais la nouvelle de sa venue l'a précédé et, à sa surprise, il voit Raïssouli sortir à sa rencontre. C'est évidemment une grande marque de considération de sa part. Les choses prennent une tournure de plus en plus favorable. Bientôt, le sultan des montagnes est en face de lui. S'il n'avait pas toutes les raisons d'être confiant dans sa mission, le jeune Ecossais éprouverait quelque inquiétude. Rarement, il a vu un homme aussi impressionnant. Raïssouli est très grand et très gros. On se demande comment il tient en équilibre sur son léger pur-sang. Il porte une longue djellaba rayée marron et blanc. Son capuchon rabattu lui dissimule en partie le visage, ne laissant apparaître que de petits yeux noirs à l'éclat cruel et un collier de barbe teint en rouge. Apercevant Harry Mac Lean, il éclate de rire. — Ainsi, on ne m'avait pas trompé ! C'est bien toi l'envoyé du sultan de Fès ? Mac Lean met pied à terre et s'incline profondément. — En m'envoyant vers toi, il te manifeste sa considération. Je suis son plus proche conseiller pour les choses militaires. D'ailleurs, tu n'as qu'à lire ceci. Harry Mac Lean tire la lettre de la bourse accrochée à la ceinture de son kilt, la tend à son interlocuteur et attend la suite, avec un sourire aimable sur les lèvres. La suite, elle ressemble à un cataclysme, à une éruption volcanique, à un tremblement de terre. Raïssouli roule le message en boule et le jette à terre. Il rugit, explose, éructe, vomit un torrent d'injures, tandis que ses gardes se précipitent sur Harry Mac Lean et l'agrippent avec violence. Ce dernier est aussi stupéfait que terrorisé. Il croit sa dernière heure arrivée, d'autant que plusieurs fusils se pointent vers lui. Pourtant, sur un geste du bandit, ceux-ci se baissent. S'il a décidé de le tuer, ce n'est pas tout de suite. Raïssouli lui désigne la lettre froissée — Lis ! Le jeune Ecossais s'exécute en tremblant un peu et reste figé. Si son teint n'avait au naturel la blancheur d'une feuille de papier, on l'aurait vu pâlir. Il cherche ses mots et finit par déclarer : — Pourquoi veux-tu que je sois complice ? Je ne serais pas venu te porter une telle lettre ! C'était me jeter dans la gueule du lion ! En face, les petits yeux noirs lancent des éclairs. — Tu mérites la mort ! Tu n'es qu'un chien étranger, le valet du sultan de Fès ! Maudite soit la femme qui t'a enfanté ! — Je suis victime d'une machination. Je te demande de me croire. — Peut-être. Mais tu savais que le sultan de Fès – que maudite soit sa race ! – avait écrit une autre lettre. Puisque tu es son conseiller militaire, et le plus proche, m'as-tu dit, tu ne pouvais ignorer ses projets. Tu vas mourir ! Harry Mac Lean a le mérite de ne pas perdre son sang-froid. — Je suis venu seul jusqu'à toi et de mon plein gré. Je suis ton hôte. Non seulement tu ne peux pas me tuer, mais tu me dois hébergement et protection. (à suivre...)