Résumé de la 4e partie n Raïssouli promet à l'Ecossais de ne le tuer que s'il le lui demande. C'est alors que, pour le pousser à bout, le sultan des montagnes le met sous une tente où des musiciens jouent sans arrêt de la raïta et du tambour... Après une journée et une nuit entières de cette musique obsédante à deux pas de lui, l'Ecossais a déjà les nerfs à bout. Il tente bien de se boucher les oreilles, mais lorsqu'il veut dormir il doit y renoncer : on ne peut pas dormir en se tenant les oreilles. A la fin, il parvient quand même à sombrer dans le sommeil. Mais quel sommeil ! Cela dure ainsi une semaine entière. Le jeune Harry Mac Lean n'en peut plus. Il croit devenir fou. Il commence à se dire effectivement qu'il va demander à Raïssouli de mettre fin à sa vie en même temps qu'à son supplice. Et puis, brusquement, tout s'arrête et le visage du sultan des montagnes s'encadre dans la porte de la tente, avec ses yeux noirs et sa barbe teinte en rouge. — J'ai quelque chose à te proposer. Viens dehors, nous serons mieux. Harry Mac Lean se lève en titubant. Dans sa tête, la musique continue toujours, mais le ciel et l'air pur lui font du bien. Il lui vient à l'esprit que la situation n'est pas désespérée. Il comprend que, si Raïssouli lui a infligé ce supplice, ce n'est pas pour le tuer, mais le mettre en position de faiblesse, car il a quelque chose à lui demander. — Tu appartiens à un grand pays, n'est-ce pas ? Ton sultan est puissant ? — Mon pays est le plus puissant du monde et mon sultan est une sultane. — Une sultane ! — Elle s'appelle Victoria. Elle a quatre-vingt-deux ans. Cela fait soixante-quatre ans qu'elle règne. — Eh bien, écris à ta sultane. Dis-lui qu'elle m'envoie une armée pour me soutenir contre le sultan de Fès et tu seras libre. Harry Mac Lean soupire. Il sait parfaitement que l'Angleterre n'interviendra pas au Maroc. Il juge inutile de cacher la vérité à son interlocuteur. — Ma sultane n'enverra pas d'hommes. — Alors tu vas mourir ! — Laisse-moi quand même écrire à mon consul à Tanger. Je lui demanderai ce qu'il peut faire. Je lui demanderai aussi un cadeau pour toi un instrument de musique de mon pays qui fait encore plus de bruit que les tiens. — Ce n'est pas possible ! — Laisse-moi écrire et tu verras bien... Raïssouli y consent. Il donne l'ordre aussi de faire cesser le tam-tam et la raïta et, si Mac Lean est toujours prisonnier dans sa tente, c'est pour lui la fin du cauchemar. Il écrit donc au consul. Il lui décrit de son mieux les forces dont semble disposer Raïssouli et il suggère qu'il pourrait faire un contrepoids à Abdul Aziz, qui est entièrement dominé par les Français. Il lui demande aussi deux cadeaux pour lui. La réponse du consul britannique à Tanger met un mois à parvenir, mais elle arrive tout de même. Elle comprend d'abord une lettre, dans laquelle le consul confirme que les Anglais ne bougeront pas pour soutenir Raïssouli et fait état du désir qu'auraient les Espagnols d'intervenir en sa faveur. Si c'était le cas, les troupes britanniques de Gibraltar leur laisseraient le passage. (à suivre...)