Erreurs n Les examens sont très fréquemment mal interprétés par les neurologues partout à travers le monde. C'est ce qui ressort de l'intervention du Pr Selim Benbadis, spécialiste en épilepsie et professeur à l'Université de médecine en Floride (USA), lors de l'ouverture hier du 4e Congrès maghrébin de neurologie à l'hôtel El-Aurassi, Alger. «Quand les malades sont diagnostiqués avec une épilepsie qu'ils n'ont pas, c'est très grave car plus de 10 % d'entre eux ont des crises psychogènes et l'on croit qu'ils sont épileptiques quand on n'interprète pas bien les examens neurologiques EEG. Ces malades ne réagissent pas aux traitements antiépileptiques, mais sont considérés comme épileptiques et ce phénomène est très fréquent partout dans le monde où 30% de malades qui ne répondent pas au traitement anti-épileptique sont orientés dans des centres d'épilepsie et sont considérés comme atteints d'épilepsie intraitable alors qu'ils n'ont pas d'épilepsie», s'est désolé le professeur. «C'est un problème négligé dont beaucoup de neurologues n'aiment pas beaucoup parler», a-t-il repris en citant l'exemple du scandale de l'Angleterre où près de 30% des enfants patients chez un neurologue n'étaient pas des épileptiques alors qu'ils étaient considérés et traités comme tels. Expliquant ce que c'est qu'une vraie épilepsie dont les symptomes sont des crises au sommeil, la morsure de la langue, des tremblements, une chute au sol…, il a appelé à ne pas mettre l'étiquette d'épilepsie à un patient en cas de doute et à faire un bon diagnostic, en prenant en considération les témoignages de l'environnement du malade. Cet avis est partagé par le Pr Saâdi, de la Ligue algérienne contre l'épilepsie. «Il faut savoir que toute crise n'est pas synonyme d'épilepsie. Il existe des crises provoquées à la suite d'une hypoglycémie et autres… La crise d'épilepsie vient brutalement et disparaît brutalement», nous a-t-il expliqué, appelant les médecins généralistes à faire de bons diagnostics et ses collègues neurologues à faire des études multicentriques «du moment que nous avons des services de neurologie à Blida, Alger et Constantine et étudier l'incidence et la prévalence de cette maladie», a-t-il souligné. Le Pr Saâdi annonce le chiffre de 300 000 cas d'épileptiques en Algérie. Le Pr Arezki, président de la Société algérienne de neurologie et de neurophysiologie clinique, initiatrice de ce congrès maghrébin, a appelé à davantage de formation dans ce domaine et à l'ouverture d'autres centres de prise en charge neurologique, tout en se réjouissant de dénombrer les 400 neurologues exerçant en Algérie alors que l'Afrique du Sud par exemple, avec tous ses moyens, n'en compte qu'une centaine. Par ailleurs, il tranquillise sur cette maladie qui se traite. «Les médicaments sont disponibles et il faut sortir de la culture taboue et classique de dire de cette maladie ‘'saraâ'' ou ‘'skina'' en arabe.» Le congrès, qui a vu la participation massive de neurologues (quelque 700) dont des étrangers dans le cadre d'échange d'expériences et de connaissances, a également traité d'autres problèmes neurologiques comme les AVC et l'Alzheimer dont on compte quelque 100 000 cas en Algérie.