Projection n L'Algérie projette de construire, d'ici à 2019, quelque 43 stations de dessalement d'eau de mer. 13 usines sont actuellement opérationnelles. Ainsi, Alger, à elle seule, se verra doter de stations de désalinisation qui produiront plus de 400 000 m3/jour, soit plus des 2/3 de sa consommation actuelle. Récemment encore, le ministère des Ressources en eau annonçait que la ville d'Oran allait être dotée, au courant de l'année 2009, de la plus grande station de dessalement d'eau de mer en Afrique. Faut-il pour autant s'en réjouir ? Les spécialistes se montrent plutôt sceptiques. Dans une contribution faite au Monde diplomatique des mois de juin et juillet 2005, le chercheur universitaire, Mohamed Larbi Bouguerra, avait considéré que le dessalement constituait «une réponse techniciste à la question – bien réelle – de l'alimentation en eau douce des sociétés modernes». Selon lui, les ressources naturelles «sont limitées (…) et le dessalement donne l'illusion que cette limitation n'existe pas». En outre, les spécialistes s'accordent à dire qu'en dépit des nombreux atouts du dessalement, son impact environnemental n'en demeure pas moins «une préoccupation majeure». Selon eux, les avantages et inconvénients de ce procédé, doivent être évalués en termes de coûts et bénéfices, économiques et environnementaux, mais surtout il est nécessaire de les comparer aux autres procédés de production d'eau douce. Ils qualifient, par ailleurs, de «généralistes» les études d'évaluation de l'impact écologique avant la pose des premières unités de dessalement d'eau de mer. L'Algérie partie prenante du pourtour méditerranéen, déploie des efforts conséquents dans le processus de mise en place de stations de dessalement de l'eau de mer dans lequel elle s'est investie depuis quelques années déjà. A cette époque, l'on invoquait deux principales raisons qui avaient présidé à ce choix, à savoir la sécheresse dont avait souffert le pays une décennie durant avec ce que cela implique comme insuffisance en matière de ressources conventionnelles en eau potable et l'augmentation des besoins du pays en cette ressource. Ce choix s'était imposé de fait dès lors qu'il constituait «la solution la plus adaptée» et qui, surtout, ne dépend pas des aléas climatiques. Le gouvernement algérien a-t-il fait une bonne évaluation des études d'impact que les unités de désalinisation peuvent avoir sur l'écologie ? «Théoriquement, oui», affirme Mohamed Larid, chercheur aménagiste à l'Institut des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral (Ismal) de Dély-Ibrahim. Pour cet expert, le dessalement peut être accepté uniquement lorsqu'il se décline en «une solution d'appoint» aux autres ressources disponibles et non pas qu'il soit érigé en une priorité au détriment d'un certain nombre d'alternatives moins coûteuses et largement efficaces. Autrement dit, veiller à ne pas «mettre tous ses œufs dans un même panier». l'urgence est, par ailleurs, de mettre fin aux gaspillages et aux fuites d'eau enregistrées sur les réseaux de distribution. Les pertes actuelles sur le réseau de distribution sont estimées à 40%, avait révélé lors d'une sortie médiatique, le ministre des Ressources en eau. Un chiffre qui donne des frissons même si, probablement, il inclut les pertes commerciales induites par les branchements illicites…