Depuis le lancement en 2002 du plan d'urgence visant à atténuer le manque d'eau potable dans le pays, l'option du dessalement de l'eau de mer, en Algérie, est devenue plus qu'irréversible. En plus des dix usines de production déjà opérationnelles aux capacités de production de 1, 4 million de m3/jour, les autorités publiques tablent aujourd'hui sur la création de 33 autres d'ici 2016. Revêtant un caractère stratégique, cette solution qui ne dépendra plus des aléas climatiques remplacera désormais les ressources naturelles dans la majorité des villes du Nord algérien. L'Algérienne des eaux (ADE) et la société d'investissement Algerian Energy Company (AEC), filiale de Sonatrach et de Sonelgaz, ont été retenues pour diriger les plus importants projets de dessalement. Cette dernière à elle seule s'est chargée de 12 projets de dessalement d'eau de mer d'ici 2008. D'autres projets de petite capacité ont été confiés à l'ADE. La formule la plus appropriée pour la réalisation de ce genre de projet est celle appelée BOO, donnant à l'investisseur privé étranger la possibilité d'exploiter l'usine pendant le temps de la concession accordée par l'Etat. Avec une capacité de 200 000m3/j, l'usine de dessalement d'El Hamma, la plus attendue de tous les projets, permettra à l'Algérie de disposer, en 2007, de la plus grande usine de dessalement d'Afrique. Le site d'El Hamma deviendra ainsi le principal fournisseur d'eau potable d'Alger. Côté ouest de la capitale, une nouvelle unité de dessalement d'eau de mer sera réalisée dans la localité de Zeralda, pour un volume d'eau potable de 100 000 m3. Le projet a été remporté par le groupe SNC-Lavalin qui s'est engagé à prendre 51% du capital de la société, soit un investissement de 1,8 milliard de dinars. Le début des travaux est prévu en mars 2006. Partenariat Dans les autres wilayas, les pouvoirs publics ont programmé la réalisation de 8 stations de dessalement d'ici à 2008 dans les wilayas côtières de Mostaganem, Tlemcen, Beni Saf, Boumerdès, Skikda, Tipaza et Oran. Dans cette dernière où le manque d'eau est plus prononcé, un grand chantier de réalisation d'une usine de dessalement, précisément à Arzew, a démarré en 2003. Il s'agit d'un projet de partenariat entre Black and Veatch (Etats-Unis), Sogex (Oman) et Itoshu (Japon). Il est attendu que cette usine soit opérationnelle à compter de 2006. Il faut dire cependant que le recours au dessalement de l'eau de mer pour pallier le manque des ressources en eau conventionnelle demeure une option coûteuse. Le prix du mètre cube le plus bas, à savoir celui de 0,8182 dollar, est calculé sur la base d'un prix de l'électricité de 0,04 dollar le kWh. La question de savoir si l'eau de mer dessalée cédée aux consommateurs coûtera cher tombe alors à point nommé. L'ADE affirme que cette eau ne peut être utilisée que pour la consommation domestique. Mais le consommateur, selon l'Algérienne des eaux, ne verra pas la différence sur sa facture. "En tout état de cause, quel que soit le coût de production du mètre cube d'eau dessalée, le citoyen continuera de payer le même tarif appliqué actuellement par l'Algérienne des eaux (ADE)", avait affirmé récemment un communiqué de presse de l'ADE.