Action n Les magistrats soupçonnent l'ex-Premier ministre français d'avoir participé dans le cadre de l'affaire Clearstream à une machination visant à déstabiliser Nicolas Sarkozy. Les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons ont signé hier soir une ordonnance de renvoi de Dominique de Villepin devant le tribunal correctionnel pour notamment "complicité de dénonciation calomnieuse". Une décision qui met un terme à quatre ans d'instruction d'un dossier devenu une affaire d'Etat et le point d'orgue de l'affrontement de M. De Villepin avec Nicolas Sarkozy, qui ont été ensemble au gouvernement sous la présidence de Jacques Chirac. Le procès devrait avoir lieu en 2009. La justice soupçonne M. de Villepin d'avoir pris part à une machination visant à déstabiliser M. Sarkozy avec lequel il était en compétition, à droite, dans la course à la présidentielle de 2007 en l'accusant avec d'autres personnalités de détenir des comptes occultes à la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. Dans ce but, de faux listings bancaires avaient été adressés de manière anonyme à la justice entre mai et octobre 2004. Mi-2004, un anonyme a ainsi envoyé au juge chargé de l'affaire des listes de comptes illégaux de personnalités censés avoir été ouverts auprès de Clearstream et qui auraient pu recevoir des commissions occultes au cours de la vente en 1991 de frégates à Taïwan. Le nom de Nicolas Sarkozy y figurait. M. de Villepin, 55 ans, a réagi hier soir en considérant que "rien ne justifie cette décision de renvoi" devant les juges, dans un communiqué."Tout au long de l'instruction, la vérité des faits et du droit a été détournée au profit d'une seule partie civile qui est en même temps aujourd'hui président de la République", a dénoncé l'ex-Premier ministre. Ce dernier avait été inculpé le 27 juillet 2007 de "complicité de dénonciation calomnieuse, complicité d'usage de faux, recel de vol et recel d'abus de confiance".Un mois avant, quelques semaines après l'élection de Nicolas Sarkozy au poste de chef de l'Etat, M. Chirac avait refusé d'être entendu sur des "faits accomplis ou connus durant son mandat" et démenti "catégoriquement avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques".