Dans l'ancienne civilisation chinoise, le bleu est, comme chez les Egyptiens, une couleur céleste, réservée aux dieux et aux empereurs. En Occident, c'était, au départ, une couleur néfaste et on évitait de s'habiller en bleu. Les Romains associaient cette couleur aux Barbares qui se peignaient le corps en bleu et surgissaient dans les camps militaires. Le christianisme primitif n'a pas réhabilité cette couleur, qu'il associait au diable. Cette horreur du bleu a persisté durant une bonne partie en Moyen Age. Ce n'est qu'au XIIe siècle que l'on commence à apprécier le bleu, puis à le faire figurer dans l'art pictural. C'est que la réhabilitation est le fait de l'Eglise. En condamnant la couleur verte, associée à l'islam, elle (l'Eglise) a valorisé la couleur bleue, peut-être parce que, dans l'islam, justement, elle n'avait pas bonne presse. Le bleu, dépouillé de ses aspects néfastes, l'Eglise en fait le symbole de Dieu, puis l'associe à la Vierge Marie, dont les vêtements, dans les peintures et la statuaire, sont peints en bleu. En fait, l'Eglise ne fait que reprendre les anciens symboles, notamment ceux qui étaient associés au signe zodiacal de la Vierge, qui intervient dans un ciel pur de tout nuage. Investi de puissants symboles, le bleu se répand. Le mot «bleu» remplace dans les jurons considérés comme des péchés mortels, le nom de Dieu. C'est ainsi que «mort Dieu» devient «morbleu», que «par Dieu» devient «parbleu» et que «par le sang de Dieu» devient «palsambleu»