Dans la tradition occidentale, le bleu a d?abord été une couleur néfaste. Déjà, au temps des Romains, les Barbares se peignaient le corps de bleu pour épouvanter leurs ennemis. Cette tradition est restée pendant toute une partie du Moyen Age, jusqu?au XIIe siècle. C?est alors que le bleu est dépouillé de ses aspects néfastes. L?Eglise en fait le symbole de Dieu, puis l?associe à la Vierge Marie, dont les vêtements, dans l?art pictural et la statuaire, sont peints de bleu. En fait, l?Eglise ne fait que reprendre les anciens symboles, notamment ceux qui étaient associés au signe zodiacal de la Vierge, qui intervient dans un ciel pur de tout nuage. Investi de puissants symboles, le bleu se répand dans les costumes et surtout l?art, aussi bien la peinture que le vitrail, il envahit également les armoiries des seigneurs. Le mot «bleu» remplace, dans les jurons, considérés comme des péchés mortels, le nom de Dieu. C?est ainsi que «mort Dieu» devient «morbleu», que «par Dieu» devient «parbleu» et que «par le sang de Dieu» devient «palsembleu». A l?époque moderne, le bleu est, comme le noir, devenu un symbole de luxe, notamment dans les vêtements, et les pierres précieuses aux reflets bleus sont très recherchées. Les fards à paupières bleus sont à la mode ainsi que le vernis à ongles de même couleur, qui concurrencent les rouges et roses traditionnels. On connaît même des «rouges à lèvres» bleus ! Cependant, des valeurs négatives restent attachées au bleu : ainsi on dit toujours «peur bleue» pour une grande frayeur et, dans le Code de la route, les panneaux d?obligation sont en bleu !