Les choses ne semblent guère s'arranger en Asie centrale. Outre les bombardements américains en Afghanistan, la tension est montée d'un cran entre l'Inde et le Pakistan. Le président pakistanais, Pervez Mucharraf, a averti, avant-hier, l'Inde de vouloir tirer profit de la crise en Afghanistan pour s'attaquer à son pays. «Il ne faudrait pas qu'ils (les Indiens) se méprennent, s'ils veulent profiter de la situation, le Pakistan est pleinement capable de défendre son territoire», a-t-il déclaré. Il a également accusé l'Inde de procéder à des manoeuvres anti-pakistanaises de l'autre côté de la frontière. Delhi a répliqué qu'il ne s'agissait que de mouvements de troupes de routine. Les tensions entre ces deux pays sont essentiellement dues au problème du Cachemire qui a déjà été à l'origine de deux conflits armés, depuis la partition en 1947. Par ailleurs, les mises en garde du président pakistanais ont coïncidé avec une attaque contre une base aérienne indienne au Cachemire par des islamistes présumés. Cinq personnes, quatre assaillants et un civil, ont été tués, lors d'un accrochage d'une trentaine de minutes. Une semaine plus tôt, les Indiens avaient bombardé des positions pakistanaises. En outre, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a tenté d'apaiser les esprits lors de sa tournée éclair en Asie du Sud. Le secrétaire d'Etat a affirmé qu'il était convaincu que les deux pays comprenaient l'importance d'agir avec retenue. «Evidemment, il y a toujours des tensions entre l'Inde et le Pakistan et cela a éclaté lors de ma dernière nuit au Pakistan alors que je me rendais en Inde le lendemain matin.» Et d'ajouter: «En même temps, j'ai l'impression que les deux pays prennent conscience, même si la question est délicate pour eux, qu'ils ne peuvent pas laisser la situation hors de contrôle. Les enjeux sont trop grands.» Il y a lieu de signaler que le Pakistan a rallié la coalition antiterroriste presque malgré lui. Ce que confirme le président Mucharraf, lui-même, en signalant que «si l'Inde avait rejoint la coalition internationale et si le Pakistan s'était retrouvé isolé en refusant de s'y allier, alors cela aurait été dangereux pour notre intérêt stratégique.» Le Pakistan avait donc à choisir entre rallier la coalition internationale en abandonnant, désormais, ses anciens alliés, les taliban, et à ce moment-là, faire face à la colère de la rue ou alors s'isoler et risquer un affrontement avec l'Inde qui serait, dans ce cas précis, appuyée par les Etats-Unis. Le choix a été fait, mais la menace indienne subsiste.