Débat n Une conférence de presse sur l'émigration clandestine a été animée, hier, au siège de la Ligue algérienne des droits de l'Homme. Les responsables de la Commission nationale de la sauvegarde de la jeunesse algérienne, organisateurs de cette conférence, ont voulu attirer l'attention des plus hauts responsables du pays, au sujet d'un grave problème. Celui-ci se résume au fait que des autorités locales dans certains pays d'accueil ont décidé l'incinération des corps retrouvés au large de leurs côtes. Ainsi, les Espagnols sont en passe de brûler les dépouilles de 6 000 harragas ayant péri près du littoral ibérique, «vu que ces cadavres n'ont pu être identifiés». A ce sujet, M Bendaham, imam dans une mosquée en Espagne, lance un appel à tous les concernés : «Nous devons récupérer les dépouilles de nos enfants au plus vite,afin de leur assurer au moins un enterrement digne.» A ce titre, les responsables de la Cnsja lancent une compagne de solidarité à laquelle ils appellent tous les Algériens à adhérer, à travers des dons en argent ,et demandent aux officiels de collaborer avec leur organisme, afin d'arriver à rapatrier les corps en question. Pour Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, il s'agit « d'une affaire d'Etat, on ne demande pas une charité, mais seulement de l'aide pour sauver l'honneur de nos citoyens». Revenant aux origines du phénomène de l'émigration clandestine, M. Zehouane estime qu'«il existe un dysfonctionnement fondamental dans notre société, ainsi une importante frange de notre jeunesse se retrouve livrée à elle-même. Tout espoir pour elle d'intégrer un emploi stable et un logement décent s'est évaporé» avant d'enchaîner : «Il est vraiment temps d'adopter une nouvelle politique tendant à garantir la stabilité à tout Algérien, en lui assurant tous ses droits fondamentaux, ne serait-ce que sur les plans de l'habitat, les soins et surtout l' octroi d' un minimum vital de revenus.» Les orateurs ont rappelé que le fléau de l'émigration clandestine a généré la fuite de 36 000 Algériens, desquels 3 600 ont péri avant d'arriver à destination, alors que des centaines croupissent dans les prisons des pays d'accueil ,et les plus «chanceux» sillonnent les rues sans aucune perspective d'avenir. Par ailleurs, et dans une étude qu'ils ont menée à travers les quatre coins du pays, les membres de la Cnsja ont déploré une multitude de problèmes qui frappent notre jeunesse dans sa stabilité ,à commencer par le programme de pré-emploi qui n'a permis l'intégration professionnelle qu'à 2% des inscrits, pour arriver au dossier des libertés, puisque l'année 2008 a encore privé les jeunes Algériens de leurs droits qui leur permettent de participer activement dans la société civile. Et même «l'université algérienne est devenue un lieu de misère, de dépression et de violence» .