Formation n Tous les métiers du cinéma sont touchés par un manque d'expérience dans tous les domaines. La question du cinéma en Algérie apparaît comme étant problématique, car toute la chaîne du secteur en est affecté. Il n'y a pas seulement l'exercice en soi qui est concerné, mais la structure elle-même en révèle des déficiences. S'il y a défaut au niveau de la production, il en est de même au plan de la réalisation. Idem pour la pratique scénérastique et technique. En somme, tous les métiers du cinéma sont touchés par le manque d'expérience et de financement. Même l'autre chaînon, à savoir les salles de cinéma, en pâtit cruellement. Lorsqu'on pose la question «Qu'est-ce qu'il faut réellement faire pour relancer le cinéma en Algérie ?», la réponse est instantanée : «Il faut [commencer par] réouvrir les salles de cinéma». Le projet ministériel devant récupérer toutes les salles de cinéma héritées de la colonisation tarde à se réaliser, hormis quelques-unes qui, notamment au niveau d'Alger, ont été rattachées à la commune d'Alger-Centre – c'est le cas de l'Algéria et de Ethaqafa (rue Didouche Mourad). Deux autres salles obscures bénéficient, en ce moment, d'un soutien de réhabilitation, à savoir Omar-Kheyyam (Debussy) et l'Afrique (rue Khélifa Boukhalfa). Quant au projet relatif à la construction de multiplexes, il peine, lui aussi, à voir le jour. L'autre question qui, a priori, se pose est de savoir si une fois réouvertes, les salles de cinéma seront-elles convenablement gérées ? Car à en juger par l'état actuel des deux salles l'Algéria et Ethaqafa récemment rénovées (2002), on doute fort que le défi sera relevé. Puisqu'au plan structurel, elles tombent en délabrement. Et au plan de la gestion technique, cela laisse voir l'inexpérience en la matière. Face à cette impéritie, trente jeunes, selon l'Association des réalisateurs professionnels algériens, seront formés en France, à partir du mois de juillet prochain. D'autres stages de même nature suivront dans les mois à venir. Le contenu de cette formation – celle-ci s'inscrit dans le cadre d'un accord de coopération dans le domaine de l'audiovisuel et du cinéma signé et ratifié par les deux pays, l'Algérie et la France – consiste à encadrer des spécialistes dans le domaine de la gestion des salles de cinéma conformément aux normes internationales. L'autre problématique des salles de cinéma se rapporte au public. Le peu de salles existantes sur la place d'Alger sont très peu fréquentées, et pour cause : le public algérien a perdu, depuis les années 1990, vue le contexte sociopolitique de cette époque, l'habitude de s'y rendre. Plus tard, l'on enregistre un certain retour, mais qui demeure néanmoins très faible. Les organismes, à l'instar de Kino Max, MD Ciné, Sora Production ou Cirta Film, organismes chargés de distribuer des films étrangers en Algérie et de les diffuser s'en plaignent. «Il y a très peu de salles chez-nous équipées en matériel de projection moderne en vertu des normes internationales», s'accordent-ils à dire, avant de regretter «et du coup, ça limite, d'une part, les sites de projections, et, d'autre part, on ne rentre pas dans nos frais.» Les distributeurs regrettent, ensuite, que les salles où sont projetés leurs films sont très peu fréquentées. «Il n'y a pas grand public», indiquent-ils unanimement. Et de poursuivre : «Cela ne nous encourage pas à en distribuer d'autres (c'est le cas d'ailleurs de Mohamed Faci de Kino Max), puisqu'on est d'avance perdant.» D'où la question : si toutes les salles de cinéma seront réouvertes et que d'autres sont construites, comment peut-on alors les gérer et les faire tourner, sachant qu'il y a un manque effarant d'expérience en matière de gestion, qu'il n'y a pas assez de films à présenter et que le public est quasi absent ?