Résumé de la 1re partie n Etienne Pellot fait rire tout le monde, même ses geôliers, à tel point que l'épouse du gouverneur de la forteresse lui fait appel, un soir, pour amuser ses convives... Attention, monsieur le corsaire ! Je veux bien que vous veniez distraire ma femme et ses amis, mais je ne serai jamais bien loin. Le moindre faux pas et vous vous retrouverez dans une oubliette, avec des fers aux chevilles et aux poignets... Des faux pas, Etienne Pellot se garde bien d'en faire. Il est toujours disponible pour faire sa représentation quand on le lui demande et, le reste du temps, il se montre un prisonnier modèle. Bientôt, il est un habitué des Anglais de la prison. Entre deux cabrioles, il s'entretient avec les uns et les autres, et tout le monde le trouve charmant. C'est ainsi qu'on lui présente un notable de Folkestone, M. Durfort. Pellot s'étonne. — Vous avez un nom français, monsieur ! — C'est vrai. Mes ancêtres étaient français. Ils ont émigré en Angleterre à la révocation de l'édit de Nantes. — Alors, nous sommes compatriotes... L'homme ne répond rien, il se contente de sourire. Le corsaire ne peut s'empêcher de penser qu'un courant de sympathie est passé entre eux. — Et que faites-vous dans la vie, monsieur Durfort ? — Ma foi, je possède le plus grand hôtel de Folkestone. Etienne Pellot n'ajoute rien, il se contente d'enregistrer l'information. Cela pourra peut-être être utile. Sait-on jamais ? En attendant, il continue ses représentations devant un public chaque fois plus nombreux. On vient de tout Folkestone aux soirées de lady Wanley : les distractions ne sont pas si nombreuses dans la petite ville de province. Le corsaire français se rend bien compte que tous ces gens le méprisent un peu, mais il continue à faire le pitre. Rira bien qui rira le dernier ! Trois mois après le début de sa première représentation, Etienne Pellot se décide à passer à l'action. Alors qu'il vient de recevoir un nouveau triomphe, la femme du gouverneur lui demande : — Quel sera votre prochain spectacle, cher monsieur Pellot ? — Une petite pièce que j'ai écrite moi-même. — Cela doit être ravissant. Quel en est le titre ? — Le Général boiteux. — Comme c'est passionnant ! De quoi cela parle-t-il ? — C'est un général américain, un de ces ridicules généraux américains, qui est abandonné avec ses soldats dans une forêt vierge du Nouveau Monde. — Et ensuite ? — Ensuite, vous verrez. Je crois que vous serez surprise. — S'il vous plaît, jouez-nous votre pièce ! — Non, la prochaine fois. Je regrette. Mais la femme du gouverneur insiste et toute l'assistance se joint à elle. Tant et si bien que le corsaire finit par déclarer : — Je ne peux pas jouer sans costume. Il me faudrait un uniforme. — Si je vous donnais un de ceux de mon mari, cela vous irait-il ? — Dans ce cas-là, oui. Je jouerais tout de suite. Peu après, Etienne Pellot revêt l'uniforme de sir Thomas Wanley, gouverneur de la forteresse. Il est habillé en colonel de l'armée anglaise pour jouer un général américain, il s'en moque bien et toute l'assistance s'en moque aussi. Lorsqu'il revient dans la pièce en boitant et en se déhanchant de la manière la plus cocasse, chacun éclate de rire. (à suivre...)