Rejet En réponse au Forum économique mondial qui prône le libéralisme et qui se tient chaque année, un sommet de refus s?organise en Inde. Le quatrième Forum social mondial (FSM), le premier à se tenir en Asie, s'est ouvert, hier, vendredi, à Bombay, sur la côte ouest de l'Inde, en présence de dizaines de milliers d'altermondialistes «en guerre contre l'impérialisme américain». Quelque 80 000 personnes, en majorité de nationalité indienne, et 2 660 associations du monde entier, se sont inscrites au Forum, ont assuré les organisateurs. Le FSM terminera ses débats mercredi 21 janvier, jour où débutera, dans la station suisse de Davos, le Forum économique mondial, rendez-vous du libéralisme que combattent les altermondialistes. Auparavant, plus d'un millier de dalits (intouchables), ces déshérités hors caste situés en bas de l'échelle sociale en Inde, ont convergé vers le Forum social mondial en clamant qu'«un autre monde est possible pour les opprimés». Environ 1 500 personnes, représentant l'un des groupes de population les plus nombreux et les plus défavorisés en Inde ? on les appelle les dalits (littéralement, les opprimés)? ont défilé symboliquement et ont été parmi les premiers à franchir les portes bariolées, couvertes de banderoles et de slogans, du quatrième FSM. Ceints de bandeaux bleus, où l'on pouvait lire «Cast out» (abolition des castes), brandissant des banderoles «No caste discrimination» (pas de discrimination par les castes), les dalits ont marché le long des principales artères du Forum pour se joindre à la cérémonie d'ouverture. Organisée notamment par la Campagne nationale pour les droits des dalits, cette manifestation regroupait quatre groupes d'intouchables qui ont silloné les quatre coins de l'Inde depuis début décembre afin de faire entendre leur voix. Il y a encore 140 millions de dalits au pays de Gandhi qui compte plus d'un milliard d'habitants. D'autres participants, membres d'ONG, ont aussi pris part à la marche. Parmi les soutiens français visibles, figurait notamment, pipe à la bouche, le José Bové, leader de la Confédération paysanne membre de Via Campesina, qui a pris la parole en anglais pour dire que «le problème des dalits n'est pas seulement un problème indien, mais un problème qui concerne l'ensemble des personnes qui luttent pour les droits humains à travers le monde». «Il s'agit de faire pression sur le gouvernement indien», a-t-il déclaré, avant de participer, avec des dalits, aux danses traditionnelles, un bandeau «Cast out» autour du front. Danielle Mitterrand, dont l'organisation France Libertés soutient les dalits, a également pris part à la marche.