Sidi Ali est séduit : une source, c'est quelque chose de précieux, surtout dans ces régions semi-arides où l'eau n'est pas très abondante, mais deux mille pièces en or lui permettront d'acheter des terres et de construire sa zaouia. Il choisit donc les pièces. Mais alors qu'il se rend à la source pour faire ses ablutions, Tiouelfin, sans doute vexée que le saint lui ait préféré des pièces d'or, refuse de lui donner de l'eau. Une eau qui était pourtant abondante quand il est arrivé ! Il comprend la leçon et va retrouver Sidi Bouzid. — Je te rends l'argent, lui dit-il, donne-moi la source car, Tiouelfin vaut plus que deux mille pièces d'or. Ce dernier propos est passé en proverbe : «Tiouelfin, khir men alfine». Plus tard, Sidi Bouzid va s'établir au djebel Amour. Sidi Ali, lui, est resté à Tiouelfin, puis il décide un jour de voyager pour apporter la bonne nouvelle à d'autres populations. Mais alors qu'il est sur la route, sa jument s'échappe. Il la suit et la retrouve à Tiouelfin, dans le puits de la source. Elle a dû glisser, en s'approchant du bord pour brouter l'herbe qui y pousse. La bête ne donnant plus de signe de vie, Sidi Ali conclut qu'elle n'a pas survécu à la chute. On retire la bête, mais voilà que de l'empreinte laissée par chaque patte une source jaillit. Tiouelfin reçoit le nom de Charef, c'est-à-dire «noble» et va attirer de nombreuses personnes. C'est d'abord un camp de tentes, puis on construit des maisons et un ksar, qui va prendre le nom de Charef, naît.