A quelque 17 km au sud du chef-lieu de la commune de Beni Mileuk, se trouve le douar Sidi Zoura, connu auparavant sous le nom de Adwiya El-Oulia (la Haute Adwiya). C'est un hameau de près de 2 000 habitants dont une grande partie occupe des logements reconstruits dans le cadre du soutien à l'habitat rural. Ce douar est connu à travers le territoire national par beaucoup de gens qui y affluent pour la «ziara» du marabout Sidi Zoura. Un accès goudronné a été ouvert aux visiteurs pour leur éviter la longue marche à pied. Parmi les autres réalisations, l'extension de l'école primaire qui était surchargée (3 à 4 élèves par table). Son aménagement a coûté près de 400 millions de centimes, selon le premier responsable de la commune. Néanmoins, les conditions de vie de la population restent difficiles. Nous entrons dans un gourbis où les femmes, malgré la précarité, ont tenu à nous faire goûter un peu de leur galette et des olives qu'elles avaient conservées elles-mêmes. «Ecrivez que nous avons besoin de beaucoup de choses ici», nous dit Khalti Fatima, mère de 7 enfants. Elle s'empresse de nous montrer le savoir-faire de ses filles. «Sans elles, je ne suis rien», nous dit-elle. Ses filles jumelles, Saâda et Nadia, âgées de 19 ans n'ont pas eu la chance de poursuivre leurs études moyennes à Damous. Elles passent leurs journées à tisser des tapis et à faire d'autres travaux manuels en face du téléviseur. Leur mère a tout vu dans sa vie. Elle a subi la misère et vécu les affres du terrorisme. La famille avait perdu sa maison qui se trouvait à la sortie de Beni Mileuk suite à des intempéries. elle s'est installée à Sidi Zoura il y a quelques années seulement. «Alhamdoulilah. Aujourd'hui on vit mieux qu'avant. Je dis à mes enfants qui se plaignent des conditions de vie actuelles que nous sommes dans le luxe par rapport à ce que j'ai vécu. Nous n'avions ni eau ni électricité. Nous vivions au bord d'un oued. Mon mari s'approvisionnait à dos d'âne des villes limitrophes surtout de la wilaya de Aïn Defla alors qu'aujourd'hui nous avons notre propre véhicule», dit-elle. La famille ne pense même plus rentrer chez elle à Béni Mileuk. «Chez moi, c'est ici. Nous avons l'eau, l'école et la sécurité grâce à la garde communale.» Malgré son altitude, Sidi Zoura dispose, en effet, d'un château d'eau et dessert la population à travers une fontaine publique.