Réalité n Le traitement du cancer dans notre pays accuse un énorme retard en matière d'utilisation des nouvelles techniques, ce qui se répercute sur les chances de guérison des malades. Le constat a été établi, hier, par des oncologues algériens et étrangers réunis à la faculté des sciences humaines et sociales de Bouzaréah dans le cadre du cinquième symposium international sur l'omnipraticien. La lutte contre le cancer s'est taillé la part du lion des débats. «Ce choix n'est pas fortuit. Le cancer fait des ravages dans notre pays et menace même de prendre des proportions plus alarmantes dans les prochaines années», a expliqué le professeur Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie au centre Pierre-et Marie-Curie (CPMC). L'éminent professeur japonais, directeur de la fondation internationale de recherche médicale Hasumi Mioura Komura a présenté la nouvelle technique de traitement du cancer, appelant les praticiens algériens à suivre des formations pour assimiler cette technique et l'appliquer dans les centres spécialisés que compte notre pays. L'immunothérapie consiste, explique M. Komura, «à prendre une cellule tumorale et à la réinjecter de manière modifiée dans la cellule cancéreuse afin de bloquer le développement de la maladie». Il s'agit, selon lui, d'une lutte précoce contre cette tumeur dont le traitement devient plus compliqué lorsqu'elle atteint un stade avancé. L'immunothérapie a déjà été utilisée au Japon en 2008 sur 22 patients cancéreux, dont 3 sont guéris «définitivement» et 11 ont vu le développement de leur maladie «réduit de 60%», a affirmé l'éminent expert japonais, relevant que cette technique «peut être utilisée en parallèle avec la chimiothérapie ainsi que sur des patients cancéreux traités à la radiothérapie mais qui récidivent après 3 ans». L'immunothérapie peut être introduite dans notre pays après une formation de six mois dispensée au profit des oncologues et les centres de recherche japonais sont prêts à assurer cette formation, a assuré M. Komura. La balle est donc dans le camp des responsables du secteur de la santé. Une question de volonté politique. Abordant la situation en Algérie, le professeur Kamel Bouzid a rappelé dans sa communication que 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l'utérus y sont enregistrés annuellement. «La moitié des femmes atteintes de cette maladie grave meurt dans les cinq années qui suivent le déclenchement du cancer», a-t-il estimé. Cette maladie est transmise par voie sexuelle «due au virus HPV», a-t-il expliqué, déplorant l'absence d'études et d'enquêtes sur la sexualité dans notre pays afin de mieux cerner la problématique. Par ailleurs, le Pr Bouzid a souligné que 6 000 nouveaux cas de cancer du poumon sont enregistrés annuellement, dont 10% des cas touchent les femmes qui sont de plus en plus nombreuses à consommer du tabac, principale cause de cette tumeur.