Entrecoupant le carrousel des conférences inscrites au menu des journées internationales d'oncologie de Constantine, les pauses sont autant d'apartés et de débats de coulisses permettant de prendre du recul par rapport au premier degré de la tribune et à la solennité d'un tel évènement. L'un de ces breaks nous a offert l'opportunité de rencontrer quelques-unes des personnalités parmi les plus marquantes du monde de l'oncologie, à savoir le Pr. Djellali Louati, doyen des oncologues et président de la société algérienne d'oncologie ainsi que les Pr. Afiane M'hamed et Bendib Ahmed, respectivement chef du service de radiothérapie et chef du service de sénologie du centre Pierre et Marie Curie. Le premier évoquera deux sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur. L'insuffisance manifeste du nombre d'oncologues qui sont, nous dit-il, au nombre de 275, dont une centaine est actuellement affectée sur le terrain et 175 sont en situation de résidanat. Ce qui démontre mieux qu'un discours l'énorme décalage existant entre le nombre de spécialistes et une demande en augmentation exponentielle. Même constat fait par le doyen des oncologues quant au nombre de centres anticancéreux véritablement fonctionnels sur le territoire national. Ils sont très loin, tient-il à souligner, de répondre aux énormes besoins exprimés, d'où le fait que de nombreux malades sont obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour se rendre à l'un de ces centres. L'idéal, ajoute-t-il, serait, en partant des recommandations de l'OMS, de disposer d'un service d'oncologie pour 100 000 habitants et d'un service de radiothérapie pour 50 000 habitants. Tout en se refusant à tirer des plans sur la comète, le Pr. Djellali se dit optimiste quant aux suites et à la crédibilité à accorder au plan national cancer (PNC) mis en œuvre pour répondre aux attentes des malades. Dans ce cadre, précise-t-il, 16 établissements sont en chantier dont 15 centres anticancéreux et un institut national. Ce qui, selon le Pr. Afiane, ne manquera pas de raccourcir considérablement les délais pour bénéficier d'une séance de radiothérapie, l'attente pouvant atteindre dans certains cas six mois. Eminent spécialiste du cancer du sein, le Pr. Bendib tient également à rappeler l'importance capitale du dépistage précoce de cette pathologie guérissable à près de 100 % des cas quand le diagnostic est posé à un stade précoce. A contrario, souligne notre interlocuteur, les chances de guérison s'amenuisent proportionnellement au stade où la maladie a été détectée. Toutefois, les actions de dépistage exigeant d'importants moyens ; il est essentiel d'évaluer justement son coût et les moyens à mettre en œuvre.