Résumé de la 8e partie n Quand Tommy annonce à Tuppence qu'il doit partir en poste en Ecosse et que ce sera sans elle, elle est furieuse... Empoignant son passe-montagne, elle le flanqua par terre. — Je ne supporte plus la laine kaki, ni la laine bleu marine, ni la laine bleu RAF. Ce que je voudrais tricoter, c'est du magenta ! — Magenta... Ça vous a une petite résonance militaire. Ça fait presque penser au Blitzkrieg. Malgré ses railleries, Tommy se sentait profondément malheureux. Mais Tuppence avait une âme de Spartiate et fit preuve de l'abnégation qu'on attend d'une femme en temps de guerre. Elle reconnut qu'il fallait que son mari accepte la tâche qu'on lui avait proposée et que ses sentiments personnels à elle n'avaient aucune importance. Et elle ajouta même qu'elle avait entendu dire qu'on recherchait quelqu'un pour faire le ménage du poste de premier secours. Peut-être la trouverait-on capable d'accomplir au moins ce travail-là... Tommy partit pour Aberdeen trois jours plus tard. Tuppence l'accompagna à la gare. Elle avait l'œil humide, mais ne s'en efforça pas moins de faire preuve de bonne humeur. Ce ne fut que lorsque le train démarra et qu'il vit la petite silhouette aux épaules voûtées s'éloigner le long du quai que Tommy sentit sa gorge se serrer. Guerre ou pas guerre, il abandonnait Tuppence... Il fit un effort pour se ressaisir. Les ordres sont les ordres. Etant arrivé comme prévu en Ecosse, il prit dès le lendemain un autre train pour Manchester. Et, le surlendemain, un troisième train le conduisit à Leahampton. Il y descendit dans l'hôtel le plus sélect et, après une nuit de repos, commença de faire le tour des hôtels plus modestes et des pensions, afin de s'enquérir des conditions offertes en vue d'un séjour de longue durée. Sans Souci se présentait comme une grande villa victorienne de brique rouge sombre, bâtie à flanc de coteau et dont les fenêtres du dernier étage offraient une belle vue sur la mer. Des odeurs de cuisine et de poussière flottaient dans le hall dont la moquette avait connu des jours meilleurs, mais l'établissement soutenait sans peine la comparaison avec ses semblables que Tommy avait déjà visités. Il fit la connaissance de la propriétaire, Mrs Perenna, qui le reçut dans son bureau, petite pièce en désordre et meublée pour l'essentiel d'une grande table couverte de paperasses. Mrs Perenna elle-même était une femme entre deux âges, d'aspect quelque peu négligé, à l'épaisse tignasse noire hérissée d'improbables bouclettes, maquillée à la diable et dont le sourire vif découvrait des dents d'une étonnante blancheur. Tommy fit vaguement allusion à l'une de ses cousines, miss Meadowes, qui avait séjourné à Sans Souci deux années auparavant. Mrs Perenna se souvenait fort bien de miss Meadowes – une si charmante vieille personne... et à tout prendre pas si vieille que ça – encore tellement active et dotée d'un tel sens de l'humour ! (à suivre...)