Résumé de la 2e partie n A proximité du «Valiant», Luigi Durand de la Penne, un des plongeurs, qui constate la disparition de son coéquipier Bianchi, est contraint de placer la bombe seul... Cela, c'est relativement facile, c'est simplement deux fois plus long parce qu'il est seul. Mais la suite constitue un véritable exploit. Le poids de l'ogive est de trois cents kilos et il faut la faire rouler sur plusieurs mètres jusqu'à la coque du «Valiant». A deux c'était déjà difficile, alors seul ! Pendant près d'une heure, s'arc-boutant, centimètre par centimètre, environné de vase, dans l'eau glacée, ne voyant rien, Luigi Durand de la Penne déplace l'énorme masse. Non seulement l'effort est épuisant, mais il sait qu'il va bientôt approcher de la fin de ses réserves d'oxygène. A 4h 55, l'explosif est tout près de la coque et environ au milieu du navire. Normalement, il faudrait maintenant le fixer à l'aide des ventouses prévues à cet effet. Durand de la Penne sent qu'il n'en aura pas la force. Il examine la situation du mieux qu'il peut, à la lueur de sa lampe. Placée comme elle est, l'ogive de trois cents kilos devrait quand même faire son travail de destruction. De toute manière, il sent que l'air lui arrive avec difficulté. Il a juste le temps de mettre en marche l'explosion, tant pis pour les ventouses ! Il règle la minuterie à 6h 05 et enclenche le détonateur. Après quoi, au bord de l'asphyxie, il file vers la surface et arrache son masque. Il peut enfin s'emplir les poumons. Il était temps ! Mais la rapidité avec laquelle il a émergé l'a trahi. En arrivant à l'air libre, il a produit un clapotis suffisamment fort pour que le marin en faction sur le «Valiant» l'entende. Ce dernier se penche sur le bastingage. Il l'a vu. Il donne l'alerte. Luigi Durand de la Penne plonge, mais il n'a plus d'air dans sa bouteille et il est obligé dé refaire surface. Sur le pont du «Valiant», c'est le branle-bas de combat, il est accueilli par une grêle de balles. Alors il se dirige vers le quai, s'accroche d'une main à la bouée d'amarrage du cuirassé et lève l'autre main en signe de reddition. C'est à ce moment qu'il s'aperçoit qu'il n'est pas seul : Ettore Bianchi est, lui aussi, accroché à la bouée. Il l'interroge : — Qu'est-ce qui s'est passé ? — J'ai reçu une pierre sur mon masque. Il s'est cassé. J'ai dû remonter à la surface. De la passerelle du «Valiant», on entend une cavalcade : des marins anglais courent dans leur direction. Ettore Bianchi interroge son chef : — Et vous, vous avez réussi ? — Oui... Luigi Durand de la Penne consulte sa montre : il est exactement 5h 01. — Tout sautera dans soixante-quatre minutes. Les Anglais arrivent. Il tend son masque intact à son coéquipier. — Prenez-le et filez. Bonne chance ! — Bonne chance à vous aussi, lieutenant ! Capturé, Luigi Durand de la Penne est emmené sur le pont du «Valiant». Tout comme l'équipage du «Scirè», celui du cuirassé n'a jamais vu d'homme-grenouille Ils le regardent avec étonnement, mais aussi avec une crainte visible. Pendant un moment, l'Italien attend, ruisselant d'eau, répondant dans sa langue, aux questions qu'on lui pose en anglais. Enfin, un homme vient le trouver. Il lui adresse la parole en italien : — Suivez-moi dans le bureau du commandant. Peu après, il se trouve devant le responsable du navire. Le commandant Charles Morgan, très inquiet de cette attaque d'un nouveau genre, en a perdu son flegme britannique. Il lui demande vivement : — Qui êtes-vous ? — Lieutenant de vaisseau Luigi Durand de la Penne. (à suivre...)