Quand la pluie tarde à venir, quand les rivières sont à sec et que le niveau des sources et des puits baissent, la crainte se saisit des gens. On a peur pour les cultures, mais aussi pour l'approvisionnement en eau. L'eau est rationnée, on procède également à certains rites en vue de favoriser la venue des pluies. Le rite le plus courant aujourd'hui est le rite des rogations de la pluie. C'est la Salat al-Istisq'a, une prière orthodoxe, recommandée par le Prophète et qui comporte des invocations spéciales. D'ailleurs, cette prière est même décidée par les autorités religieuses et célébrée dans tout le pays. Il existe, cependant un autre rite, inspiré de la Salat al istisqa', mais différent d'elle : il s'agit, ici, aussi de la prière musulmane, en deux rakaâte, mais faite en direction de l'ouest, au lieu de l'est, la qibla, avec les burnous à l'envers. Le symbolisme est clair : en bouleversant l'ordre habituel des choses, on pense provoquer un bouleversement des éléments naturels et ainsi la pluie. Un autre rite est celui de sacrifice, relevé encore il y a quelques décennies en Kabylie : il ne s'agit pas ici de sacrifier une bête, mais de s'offrir soi-même pour favoriser la pluie : un vieillard «donne sa tête» (c'est-à-dire se propose de mourir) en échange de la pluie. Le «sacrifice» se fait devant le mausolée d'un saint, qui se porte garant. La pluie, dit-on, ne tarde pas à tomber et le vieillard ne manque pas de mourir !