Désarroi Brahim est impuissant devant le cas désespéré de son fils qui souffre de crises d?hystérie? A Dar El-Beïda, tout le monde connaît le jeune Hakim. Il n?a pas une réputation des plus glorieuses, mais pourtant, on l?évoque souvent. En effet, tout le monde sait que la vie n?a pas toujours été facile pour ce jeune homme qui souffre de sérieux troubles mentaux. On en vient à plaindre ses pauvres parents qui, non seulement n?arrivent pas à joindre les deux bouts, mais souffrent également de la maladie de leur fils. Celui-ci mène une bien difficile existence. Malgré cela, sa famille et ses proches l?entourent de toute leur affection et font de leur mieux pour le soigner, le trimbalant de psychiatre en psychiatre. Hélas, séances et médicaments ne lui sont pas bénéfiques. L?état de Hakim, 26 ans, empire chaque jour et ses parents sont de plus en plus découragés. Au moment où ils ne savaient plus à quel saint se vouer, au moment où la détresse avait fini par ravager leur misérable vie, un espoir, un tout petit espoir est né. Belkacem, le père du jeune malade, se trouve en compagnie de quelques hommes du quartier. Ces derniers lui font miroiter la possibilité d?une guérison miraculeuse s?il en venait à confier son fils à un guérisseur par le Coran que l?on nomme chez nous el-raqi. «Pourquoi pas ?» se dit le père. Qui ne tente rien n?a rien ! Ainsi, fin décembre 2003, on enferme le jeune Hakim et le guérisseur dans une chambre et on attend le miracle? De 16 h à 20 h, l?homme bat le jeune malade afin d?extirper le djinn qui l?habite, car son diagnostic est formel : selon lui, le jeune homme est envoûté par une jeune femme qui veut se l?approprier. Le guérisseur a soudain peur. Hakim, affalé sur le sol, ne bouge plus. Il est dans le coma. Transporté d?urgence à l?hôpital de Douéra, il décède subitement? Son corps portait des bleus partout. Arrêté, le raqi soutient que le jeune homme était possédé et que le frapper était le seul moyen de le sauver (?). Pourtant, le guérisseur est relâché, selon le v?u de Belkacem, le père de la victime, qui dira dans sa déposition que la faute n?incombe à personne? «Mon fils était souffrant, c?est Dieu qui a voulu l?emmener? Le raqi n?y est pour rien !» Faut-il être un saint pour se permettre de tuer et vivre en liberté ?