Si l'Algérien paye aussi cher ses fruits et légumes, c'est la faute aux intermédiaires et détaillants qui fixent les prix à leur convenance. C'est du moins ce qu'affirment les mandataires qui déplorent le manque de coordination entre les ministères de l'Agriculture et du Commerce et appellent l'Etat à intervenir. «La flambée des prix des fruits et légumes est due principalement aux intermédiaires qui fixent les prix de vente à leur guise.» C'est le constat qui a été fait, hier, par M. Medjbar, président du comité des distributeurs des fruits et légumes au marché des Eucalyptus dans une conférence de presse. Cette conférence a été organisée par L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). «On incrimine souvent les mandataires alors qu'ils ne sont pour rien dans cette hausse», a dit M. Medjbar. Cet avis semble être partagé par le porte-parole de l'UGCAA et son chargé de communication, Boulenouar Hadj Tahar. Ce dernier affirme à son tour que la production passe par cinq mains (intermédiaires) avant d'arriver aux consommateurs et chacun d'eux a une marge de bénéfice. Ce qui explique, selon lui, la cherté des produits agricoles sur les étals de nos marchés. «Cette situation désolante perdure à cause de l'absence totale de coordination entre les différents acteurs concernés, notamment entre le ministère de l'Agriculture et celui du Commerce», a déploré M. Medjbar. Outre l'absence de coordination, il y a plusieurs autres facteurs qui sont derrière cette augmentation sans précédent. L'orateur a cité, entre autres, l'envolée des prix des engrais cette année, ce qui a contraint beaucoup d'agriculteurs à réduire la superficie des terres cultivées. Auparavant, signale M. Medjbar, l'agriculteur dépensait 170 000 DA pour acheter les engrais nécessaires pour un hectare de terre cultivé, alors qu'il doit débourser 400 000 DA cette année, et ce, malgré la levée de l'impôt sur ces fertilisants. La rareté de la semence ainsi que sa cherté y sont également pour beaucoup dans la réduction de la superficie des terres cultivées et donc de la production. Parmi les causes essentielles tues par les responsables du secteur, figure la perte de 30 % de la production cette année à cause des intempéries. En effet, les fortes précipitations dans certaines régions du pays ont causé le pourrissement de la récolte sous terre. Interrogé sur le stockage de la pomme de terre par certains commerçants, M. Medjbar exclut cette hypothèse. «On ne peut jamais stocker la pomme de terre d'hiver, car elle est pleine d'eau, donc très fragile, cependant on peut stocker celle du mois de juin car elle est plus dure et plus solide». M. Medjbar lance un appel aux autorités afin d'intervenir et de réorganiser les marchés de détail des légumes et fruits pour lutter contre les pratiques malsaines de certains commerçants.