Résumé de la 2e partie n Le vieux marin et son épouse, n'ayant pas d'enfant, élèvent les deux petits comme si c'étaient les leurs... Ils commencèrent à jouer. Le fils du roi perdait chaque fois, parce qu'il n'avait pas l'habitude et qu'il était distrait : à chaque instant il regardait vers la grand-porte du palais, pour voir si les gardes ne s'étaient pas mis à sa recherche. A la fin, Aziz et Aziza lui gagnèrent tout son argent. Ils avaient amassé une grande quantité de louis et s'en retournèrent à la maison tout fiers. Le pêcheur et sa femme n'en croyaient pas leurs yeux. Ils furent d'abord soupçonneux : ils se demandaient comment les enfants s'étaient procuré, en une matinée, une quantité d'or que le pêcheur n'aurait pu ramasser durant toute son existence. Quand ils apprirent que c'était en jouant avec le prince, ils eurent d'abord peur que le roi ne vînt réclamer la fortune perdue par son fils et, de surcroît, ne les fit jeter en prison. Mais le prince se garda bien de révéler sa déconvenue à qui que ce soit et, au bout de quelques semaines, les pêcheurs résolurent de profiter de la fortune que la Providence leur avait envoyée. Ils quittèrent leur misérable chaumière pour aller vivre dans une maison magnifique, qu'ils achetèrent dans le quartier le plus riche de la ville. Quand ils eurent rempli leur palais de meubles précieux, il leur restait encore assez d'argent pour vivre dans l'opulence, après avoir connu la misère toute leur vie. Du reste ils étaient tous les deux très vieux et le pêcheur ne pouvait même plus prendre sa ligne chaque matin, comme il avait fait jusque-là. Il tomba bientôt malade et, sentant qu'il était à la fin de son existence, il fit venir les enfants pour leur révéler qu'il n'était pas leur père, qu'il les avait simplement trouvés dans un coffre qu'il avait repêché dans la mer. — Vous êtes nos vrais parents, dit Aziza ; vous nous avez élevés comme vos enfants. Peu après le pêcheur et sa femme moururent, usés par la vieillesse et les fatigues. Les années passèrent et Aziz, devenu un beau et robuste jeune homme, se prit à aimer passionnément la chasse. Dès le matin il montait sur son cheval blanc et partait, laissant à la maison Aziza, dont la beauté était devenue objet de toutes les conversations. Ceux qui les avaient connus misérables se demandaient d'où leur venait toute cette fortune et, secrètement, les enviaient. De tous les habitants de la ville, celle qui jalousait le plus leur bonheur était une vieille sorcière au corps tout osseux, au cœur noir. Un jour qu'Aziz était à la chasse, elle vint trouver Aziza : — Je viens m'enquérir de ta santé, lui dit-elle. — Elle est bonne, je te remercie. — Car pour le bonheur, dit la sorcière, je sais que le tien est grand. — Dieu merci, dit la fille. — Il serait même entier s'il ne te manquait une chose. — Il me manque une chose ? demanda la jeune fille, et laquelle ? — Elle est difficile à acquérir, dit perfidement la vieille femme. — Qu'importe ? dis-la-moi. — Mais, auparavant, dis-moi : ton frère t'aime-t-il ? — Tout ce que je lui demande, il me le procure. — Alors, si ton frère t'aime, dis-lui de t'apporter du lait de lionne dans la peau d'un de ses petits. Tu t'en laveras et ton teint deviendra brillant comme neige. On parle déjà de toi dans tout le pays. Quand tu te seras lavée avec du lait de lionne, les princes les plus lointains viendront te demander en mariage. (à suivre...)