Investigation n Nous avons tenté, à travers notre reportage effectué dans la wilaya de Aïn Témouchent, de connaître les raisons qui poussent les narcotrafiquants à choisir la côte témouchentoise. Nous avons également tenté de comprendre les raisons qui permettent à la drogue de prendre le sens de la partie Est surtout du littoral long de 80 km. Pourquoi les colis n'échouent qu'au niveau des plages de Sassel, Bouzedjar, S'biat et Madagh ? Un semi-rigide d'une longueur de 12 m et de 4 m de large d'une valeur de six milliards abandonné avec ses quatre moteurs d'une puissance globale de 1 000 CV et sa cargaison de drogue estimée à plus de 3,5 millions de dollars a de quoi susciter moult interrogations chez le commun des mortels. S'agit-il d'une stratégie des barons de la drogue pour faire passer d'autres quantités plus importantes ? Où sont passés les passagers du Zodiac dans la mesure où tous les équipements nécessaires à la navigation (gilets de sauvetage, torches professionnelles, réserves de carburant et de denrées alimentaires, etc.) s'y trouvaient ? Ont-ils été récupérés par leurs complices en haute mer à la vue des gardes-côtes ou à la suite d'une tempête qui a rendu difficile la maîtrise du semi-rigide ? Existe-t-il réellement une jonction entre les narcotrafiquants marocains et leurs acolytes algériens pour l'acheminement de la marchandise à l'intérieur du pays ? Ce sont là autant de questions qui taraudent l'esprit du citoyen. Le lieutenant-colonel Aïdaoui Réda, chef du groupement de gendarmerie nationale de Aïn Témouchent signale d'abord qu'il s'agit là, d'un véritable danger au sein de la société notamment parmi les jeunes et qu'il faudra prendre au sérieux et ce, au même titre que celui des harragas. Car, selon lui, il ne s'agit nullement d'un fait occasionnel. «Si toute cette quantité de drogue était parvenue chez les dealers, ce serait une véritable catastrophe», fera remarquer le premier responsable de la gendarmerie au niveau de la wilaya. A titre informatif, la superficie des plantations de résine de cannabis dans la région du Nador, dans le Rif marocain, est estimée à plus de 136 000 ha. Une véritable usine de production s'y trouve implantée dans cette partie de l'Est marocain où les fabricants sont des Chleuhs si l'on se réfère au sigle apposé sur les plaquettes de résine de cannabis. Les acheteurs peuvent être des barons espagnols, français ou russes. Les embarcations des narcotrafiquants marocains prennent le large à partir d'une crique de 20 km de long située au nord de Nador.