Photo : S.Zoheir De notre envoyé spécial Abderrahmane Semmar Des criques féeriques, une mer azurée, du sable fin et de vastes plaines verdoyantes, Aïn Témouchent a tout pour inspirer les poètes et faire rêver ses visiteurs. Mais, malheureusement, la «source des Chacals», comme son nom l'indique, est aujourd'hui au cœur d'une actualité agitée marquée par le trafic de drogue. En effet, depuis l'échouage sur la plage de Sbiaate, distante d'une trentaine de km de la ville d'Aïn Témouchent, le 12 avril dernier, d'un zodiac, un Go-Fast long de 12 mètres, contenant pas moins de 26 quintaux de kif traité, la région d'Aïn Témouchent vit chaque jour au rythme des saisies de diverses quantités de kif que la mer continue de rejeter sur l'ensemble des 25 plages de la wilaya, laquelle compte une côte longue de plus de 80 km. Ainsi, depuis le 12 avril et jusqu'à ce jour, près de 36 quintaux de kif traité ont été récupérés par les services de la Gendarmerie nationale sur plusieurs plages de la région. Selon les investigations menées par le groupement de la Gendarmerie nationale d'Aïn Témouchent, toute cette quantité émanerait du zodiac qui a été retrouvé à 80 miles des côtes après avoir chaviré sous l'effet du vent d'ouest, un vent fatal aux petites embarcations méditerranéennes en cette période printanière de l'année. Le Go-Fast en question, qui serait de provenance marocaine, pouvait embarquer entre 3 et 5 tonnes de kif traité. Or, pour le moment, seules 3,5 tonnes ont été retrouvées sur le littoral oranais qui englobe les wilayas de Aïn Témouchent, d'Oran et de Mostaganem. En partance pour les côtes corse ou italienne, l'embarcation échouée sur la plage de Sbiaate, appartenant sans nul doute, relève la Gendarmerie nationale d'Aïn Témouchent, à un réseau de narcotrafiquants international, aurait pu perdre une grande partie de sa cargaison en haute mer. Celle-ci risque bel et bien d'atterrir, par la force des vagues, sur les plages d'Aïn Témouchent qui demeure la première exposée à ce danger, en raison de sa situation géographique à seulement 120 km des côtes espagnoles. Un danger que personne ne sous-estime dans la wilaya car, si des quantités de kif se retrouvent entre les mains de la population locale, des ravages majeurs seraient à craindre dans la mesure où la toxicomanie est déjà bien enracinée dans cette région côtière dont la population est très jeune. Pour ne pas en arriver jusque-là, le chef du groupement de la Gendarmerie nationale d'Aïn Témouchent, le lieutenant-colonel Aidaoui Reda Abdelhamid nous a dévoilé les axes majeurs d'un plan d'action mis en place au cours de ce mois pour parer à toutes les situations. Pour ce faire, 600 gardes communaux, 600 gendarmes, deux hélicoptères, 6 zodiacs des gardes-côtes ont quadrillé les 25 plages de la wilaya, la première visée par le rejet de drogue par la mer. Des postes de surveillance sont installés sur chaque plage et, chaque jour, des patrouilles de la Gendarmerie nationale effectuent des opérations de ratissage pour repérer le moindre paquet de kif que la mer charrie. Et ces dernières semaines, il ne se passe un jour sans que des dizaines de kilos soient pas découverts par les éléments de la Gendarmerie nationale. Et si aujourd'hui la quantité saisie avoisine les 36 quintaux, les services de sécurité s'attendent durant les jours à venir à ce que d'autres quantités parviennent jusqu'aux rivages d'Aïn Témouchent. Dans cette optique, la plupart des plages de la wilaya ont été mises en quarantaine en attendant que les opérations de ratissage réussissent à sécuriser les lieux. «Notre premier objectif est d'empêcher tout contact entre la population locale et la drogue rejetée par la mer. Nous ne voulons pas que les réseaux locaux mettent la main sur cette drogue venue de l'étranger. C'est pour cela que nous avons mobilisé tous nos moyens pour retrouver le reste de la cargaison du zodiac et répondre à la moindre menace que celle-ci fait peser sur notre région», souligne, avec beaucoup d'assurance dans le propos, le lieutenant-colonel Aidaoui Reda Abdelhamid. Sur place, force est heureusement de constater que, pour le moment, cet objectif est sur le point d'être réalisé.