Résumé de la 52e partie n Marie Lafarge est d'abord condamnée, dans un premier procès pour un vol de bijoux : deux ans d'emprisonnement. Mais le véritable procès de celle que la presse a surnommée «l'empoisonneuse» ne commence que le 3 septembre 1840. Il fait très chaud, mais, très tôt, une foule s'est amassée devant le palais de justice de Tulle. Les chambres d'hôtels de la petite ville sont toutes occupées par les curieux et surtout les journalistes, venus de toutes les régions de France et même de l'étranger. Pour assurer la sécurité du procès, une compagnie d'infanterie a pris position aux alentours du palais et les rondes de police ont été renforcées. Au moment de l'ouverture du palais, la foule s'est ruée. Mais comme la salle d'audience est exiguë, il a fallu refouler une grande partie des badauds. Ceux qui ont eu la chance d'accéder à la salle sont tout de suite subjugués par la silhouette frêle de Marie Lafarge. «C'est elle !» Tous les regards sont braqués sur elle. La jeune femme est tout de noir vêtue, avec un éventail à la main. Elle paraît si jeune et surtout si innocente que le public, dans son ensemble, prend sa défense. Des cris fusent : — Marie, nous sommes avec toi ! — tu es innocente ! — Acquittez-la ! Acquittez-la ! Le président exige le silence et menace de faire évacuer la salle. Le calme revient et la séance peut débuter. Le procureur Decous ouvre le débat, par un réquisitoire où il accable Marie Lafarge. «Les raisons qui ont poussé cette femme à tuer son époux sont plus qu'évidentes. Cette femme a toujours rêvé de mener une vie somptueuse, d'habiter dans un château. C'est pourquoi quand Charles Lafarge a demandé sa main, elle a tout de suite accepté. Non par amour, mais parce que le prétendant possédait un château !» Le procureur s'arrête un moment, avant de reprendre. «Elle a dû être déçue en s'apercevant que le Glandier n'est qu'un ancien couvent reconverti en demeure. Elle a poussé son époux à effectuer des transformations, parce que déjà son plan criminel se précisait : elle voulait entrer en possession du domaine, se débarrasser d'un époux qu'elle déteste puis épouser l'homme de ses rêves. Pour se mettre à l'abri de tout soupçon, elle a fait croire à Charles et à sa famille qu'elle l'aimait et multipliait les marques de tendresse. Cela ne l'a pas empêchée de lui envoyer un gâteau empoisonné, puis, au cours de sa maladie, de lui servir des potions et des bouillons empoisonnés !» Le procureur conclut son réquisitoire par un hommage rendu à la science qui a permis de démasquer la criminelle : «Heureusement, le prodigieux développement des sciences chimiques nous a apporté, ces derniers temps, une aide précieuse dans la découverte des crimes commis à l'aide de poisons. L'inculpée n'aurait probablement pas à répondre devant la justice de ses gestes, si la science ne nous avait pas offert la possibilité de constater la présence du poison là où il restait dissimulé... Les représentants de ces temps nouveaux, les médecins qui ont une formation de chimistes, apporteront au tribunal et aux jurés des preuves qui permettront à la justice de triompher !» (à suivre...)