Risque n Les eaux souterraines que partagent les pays maghrébins dans les profondeurs des nappes phréatiques sahariennes font l'objet de convoitises. Le Système aquifère du Sahara septentrional (Sass), s'étendant sur une superficie supérieure à un million de km2 et de 1 000 mètres de profondeur, est réparti sur le territoire de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye. Les réserves d'eau du Sass sont estimées à 60 000 milliards de m3 dont 40 000, soit 66% environ, en territoire algérien. Cette nappe souterraine saharienne très importante suscite un intérêt grandissant de la part des pays qui la partagent. «L'Algérie est concernée par la problématique qui se pose entre les pays à propos des bassins hydriques souterrains et superficiels communs, comme c'est le cas de la nappe souterraine saharienne», a indiqué le Dr Khalid Abdelkrim, un expert en ressources hydriques lors d'un colloque scientifique tenu récemment à Oran. Selon lui, il est nécessaire de trouver une alternative pour une gestion collective de ces bassins «dans le cadre de conventions de coopération et de programmes d'investissement communs fiables au service du développement durable», a-t-il préconisé tout en soulignant que 37 conflits internationaux ont été déjà enregistrés à propos de la problématique de propriété et de gestion de ce genre de bassins. Cependant, selon des études menées sur cette nappe, la pérennité de cette ressource est sujette à une exploitation rationnelle et une répartition équilibrée. «La ponction de huit milliards de m3/an, dont cinq en Algérie, garantit une exploitation durable et raisonnable du système, afin d'en garantir l'équilibre à long terme», a estimé M. Sellal, ministre des Ressources en eau. Mais, malheureusement ce n'est pas le cas puisque le projet pharaonique, initié par notre voisin libyen risque de déséquilibrer ce système. En effet, le Grand fleuve artificiel, d'un coût de 33 milliards de dollars, que la Libye s'apprête à achever, permettra à ce pays d'alimenter toutes ses villes côtières. Présenté lors du Forum mondial de l'eau à Istanbul, ce projet a suscité de vives inquiétudes parmi les professionnels des questions hydriques. «Le projet de Kadhafi est absurde d'un point de vue économique et crée une source de tensions potentielles avec les pays voisins. Cela peut devenir une course au pompage, une course pour voir qui arrivera à extraire l'eau en premier», a indiqué Eugenia Ferragina, experte en questions de l'eau au Conseil de recherche national d'Italie. Par ailleurs, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans un message adressé à l'occasion de la tenue de ce rendez-vous mondial sur l'eau, a souligné que «notre pays travaille avec ses voisins pour gérer au mieux les ressources hydriques qu'il a en partage avec eux.» Le chef de l'Etat a rappelé, en outre, que «par la déclaration signée par les trois ministres chargés de l'Eau, nos Etats se sont déclarés favorables à la création d'un mécanisme tripartite permanent de concertation et de gestion durable du Sass.»