Résumé : Ma grand-mère Yasmina a fini par quitter ce monde au moment où je m'y attendais le moins. Mon chagrin était tel que seuls le travail et la réalisation de certains projets purent venir à bout de ma peine. 83eme partie EPILOGUE Voilà mami, j'arrive à la fin. Si j'ai pu te rendre un minime hommage en ces quelques lignes, je ne pourrais jamais te témoigner ma gratitude. Tu étais, et tu resteras, cette lumière qui m'orientera jusqu'à mon dernier souffle. J'ai longtemps recherché dans le monde ce quelque chose qu'on appelle le bonheur. Hélas, je n'ai jamais pu retrouver cette chaleur que tu dégageais et cette générosité qui faisait de toi un être exceptionnel. Par ta présence, tu semais ce bonheur autour de toi, alors que tu as connu de durs moments dans ton existence. Heureuse, je l'ai été auprès de toi. Depuis ma tendre enfance, tu as su m'offrir cette tendresse que je ne retrouve nulle part. Mami, sais-tu que j'ai été à Marseille ? Sais-tu que j'ai suivi tes pas ? J'ai pris comme toi le bateau et j'ai foulé le quai où grand-père t'avait attendue. Comme toi, j'ai aimé cette ville. J'ai visité les anciens quartiers dont tu me parlais. J'ai retrouvé l'endroit de cet immeuble où tu as vécue si heureuse auprès de tes enfants et de ton mari. À la place, aujourd'hui, se trouve le siège d'une grande entreprise. J'ai aussi retrouvé la trace de l'imprimerie où avait tant travaillé grand-père. Sais-tu qu'aujourd'hui cette dernière a été reprise par d'autres hommes de lettres et porte le nom d'une prestigieuse maison d'édition connue dans le monde entier ? La plus belle chose que j'ai pu découvrir dans ces lieux, c'est un grand registre où sont consigné les noms des premiers fondateurs en 1917 ! Et le nom de grand-père y figure aux premières lignes. J'en ai tiré une grande fierté, d'autant plus que j'avais exhibé sous les yeux étonnés des actuels dirigeants le certificat de travail qu'on lui avait remis en 1919. Oui, je sais. Tu en aurais été très fière si tu avais vécue jusqu'à ce jour ! Je me suis aussi promenée sur le grand quai de Marseille juste avant de reprendre le bateau pour rentrer. Une image furtive et irréelle avait accroché mon regard. En quelques secondes je te revoyais jeune mariée, descendant de la passerelle pour rejoindre Mouhoub qui t'attendait sur ce même quai. Tu étais belle Yasmina. Tu respirais la joie de vivre et tu avais des idées folles pour une époque qui ne connaissait rien encore ni aux droits de la femme ni à son épanouissement. Mais tu avais su tracer ta voie. Tu as été une épouse et une mère exemplaire, et encore plus, une grand-mère exceptionnelle. Sais-tu que j'ai rencontré même des navigateurs qui ont connu mes oncles Farid et Mohamed. Les plus jeunes ont connus même papa. Une ancienne secrétaire m'a raconté qu'elle avait même connu Maria à l'époque de son mariage avec Farid. Euh… J'ai oublié de te l'apprendre. Maria est décédée l'été dernier et ses deux filles Yasmina et Meriem sont déjà grand-mère. J'ai pu retrouver leur trace grâce à la contribution de mon père et depuis nous nous écrivons souvent. Je n'ai pas pu leur rendre visite en Italie. Mais un de ces jours, j'irais me recueillir sur la tombe d'oncle Farid et rencontrer mes deux cousines.Autre chose, mami. Oncle Mohamed est allé aussi te rejoindre il y a quelques années. Il est enterré en Belgique loin des siens. Tu l'avais déjà prédit pour ses deux enfants qui t'ont quitté pour sillonner les mers lointaines. Tu ne cessais de me répéter qu'à l'instar de Farid, Mohamed aussi mourra en exil. Mais c'est la volonté de Dieu, et qu'elle soit faite ! En écrivant ces dernière lignes, mes larmes coulent encore. Mais je me sens comme soulagée. J'avais fais le serment de reprendre toute l'histoire de ta vie et celle de ma famille. C'est fait. Ce portrait de famille trouvera sûrement un bon écho auprès de mes chers lecteurs. Et je sais que beaucoup d'entre eux revivront avec moi ce passé que je retranscris sur ces pages. Je termine mon récit par une longue prière. Mami que Dieu t'accorde la paix de l'âme et t'accueille en Son vaste Paradis où tu retrouveras tous les tiens. FIN YASMINA HANANE