Dans la dynamique de cette hausse imprimée au marché et que l'on n'arrive pas à expliquer, même les légumes secs sur lesquels se rabattent en général les petites bourses, n'ont pas été épargnés. Comme, par exemple, les lentilles et dans une moindre mesure, les haricots blancs. Outre la nouvelle augmentation sur les prix de gros, de nombreux détaillants y ajoutent également leur marge, ce qui n'est ni illégal ni interdit. La pression était trop forte sur ces produits, particulièrement dans les grandes villes, où la demande va crescendo, les ruptures de stock chez les commerçants ne sont pas rares. Dans l'arrière-pays, ce qu'on appelle communément l'Algérie profonde, le problème se pose autrement, en d'autres termes. Ici, l'épicier du village est comme le facteur, il connaît tout le monde et la bourse de chacun en particulier. Il sait, par exemple, qui travaille, qui est au chômage, qui vit de sa rente et qui est retraité. Il sait aussi qui est solvable et qui ne l'est pas. Connaissant les difficultés quotidiennes des pères de famille qui arrivent à boucler avec beaucoup de peine leurs fins de mois, il ouvre à la plupart de ses clients des crédit (l'ancien système des carnets). Devant la remontée quasi inexplicable des prix, il fera mieux, il refusera de renouveler son stock de légumes secs taxés aux prix actuels et préférera écouler son ancien stock taxé sur l'ancien prix. Tous les épiciers, malheureusement, ne font pas dans le social. Mais dans quelques poches des Hauts-Plateaux, au niveau de certaines petites bourgades, ils jouent le rôle de régulateurs et canalisent sans le savoir, bien des frustrations. En tout cas, ils ont encore de beaux jours devant eux.