Un médecin, qui a exercé en 2000 au service de chirurgie à l?hôpital de Kouba, affirme avoir vu débarquer dans ce service plusieurs jeunes qui s?étaient lacéré le corps sous l?effet de drogues. «Ces jeunes, en majorité scolarisés, venaient avec leurs parents dans un état très critique pour une prise en charge médicale», explique ce jeune médecin. Parce que la douleur morale causée par le manque de drogue est insurmontable, ces toxicomanes se «déchirent» inconsciemment la poitrine à l?aide d?un couteau, selon notre interlocuteur. Il dénonce, cependant, l?attitude des parents par rapport à la prise en charge psychologique et la cure de désintoxication nécessaires à la guérison de leur enfant. «Ces parents se culpabilisent souvent et se croient responsables de ce qui arrive à leur enfant. Une situation qui les pousse à fuir la réalité au point d?arriver à se convaincre que leurs enfants sont des gens normaux», précise ce médecin. Ces parents ont tellement honte, selon lui, qu?ils sont incapables de faire suivre leur enfant par un psychanalyste. Pour preuve, ce médecin avance : «J?ai rédigé moi-même des lettres dans lesquelles je demandais à des amis psychanalystes et psychologues de prendre en charge ces toxicomanes. Ces lettres, que j?ai confiées aux parents, ne sont jamais arrivées à destination.»