Résumé de la 3e partie n Stanley Haussner est contraint de se poser en pleine mer et il pense que la «Rose-Marie» sera son cercueil... Stanley Haussner a fermé les yeux instinctivement. Il sent l'eau entrer dans la carlingue, atteindre ses pieds, ses jambes, le niveau de son siège. Il regarde de nouveau et il découvre le miracle : l'appareil est inondé, mais il flotte, suivant docilement le mouvement des vagues, heureusement peu élevées. Stanley lève la tête. Le plafond s'interpose entre le ciel et lui, et cela, il ne peut pas le supporter. Il se doute que ce qui s'est produit n'est qu'un répit, que tôt ou tard il va couler, et il ne veut pas se noyer dans ce cercueil flottant. Il veut mourir à l'air libre ! II s'empare d'un tournevis et attaque la tôle. Il y met des heures, mais il parvient à pratiquer un trou suffisant pour y passer la tête. Il scrute l'horizon en tous sens : pas le moindre navire en vue. Seule présence visible, des mouettes viennent se poser sur la carlingue. Il les appelle, il leur parle. Elles lui apportent un réconfort moral, même si elles ne lui sont d'aucun secours. Le reste de la journée s'écoule sans le moindre fait nouveau et la nuit paraît. Si la «Rose-Marie» continue à flotter vaillamment, les heures qui suivent, passées dans l'obscurité, sont terribles. Stanley Haussner est debout, la tête dans l'ouverture, les jambes dans l'eau jusqu'aux genoux. Il a soif, il a faim, il est tenaillé par l'angoisse, mais il est si épuisé que, malgré cela, il s'endort dans cette position. Heureusement, les nuits sont courtes en juin. La même aurore précoce que la veille se lève, du côté de l'Europe où il n'ira pas. Stanley Haussner n'en peut plus d'être ainsi trempé. Il lui faut absolument agrandir l'ouverture pour aller à l'extérieur, s'asseoir sur le fuselage, être enfin au sec, même si, avec la houle, il risque de tomber à l'eau. Il entreprend donc avec son tournevis de faire un trou assez grand pour y passer tout entier. L'effort est épuisant et lui prend une bonne partie de la journée, mais il réussit. Midi est déjà passé lorsqu'il peut enfin se hisser dehors. Aussitôt, il pousse un cri : — Un bateau ! Effectivement, à l'horizon, un point noir surmonté d'un panache de fumée apparaît et disparaît au gré des vagues. Pris d'un espoir insensé, Stanley Haussner bondit sur l'aile, il arrache sa chemise et l'agite frénétiquement en hurlant. Il fait cela jusqu'à la limite de ses forces. Quand il s'arrête, épuisé, il constate que le point noir et la fumée ont disparu. Il se laisse tomber sur l'aile, manquant de se retrouver à l'eau et de tout faire chavirer. Le navire ne l'a pas vu et comment en serait-il autrement ? Ce qui était un cargo ou un paquebot ne lui apparaissait que comme un point, alors comment aurait-on pu l'apercevoir, lui, qui dépasse à peine des vagues ? Stanley Haussner s'effondre sur le fuselage. Il a la tentation de se jeter à la mer pour en finir plus vite. L'instinct de survie est quand même le plus fort. Il reste ainsi sans bouger jusqu'à la nuit, qu'il passe dans la carlingue à moitié inondée. S'il avait jusqu'ici réussi à dormir, cette fois la soif l'en empêche. Alors qu'elle était à peu près tolérable, elle s'empare de lui d'une manière insupportable. Comme boisson, il avait emporté une bouteille d'eau minérale et une Thermos de café, plus une boîte de jus de tomate en conserve. Tout cela est sous l'eau. Il a peur, dans le noir, de provoquer des dégâts irréparables. Il se mettra à la tâche dès le lever du jour. (à suivre...)