Résumé de la 1re partie n Stanley Haussner se propose de réaliser l'exploit d'aller de New York à Varsovie, en faisant escale à Londres... Durant ses préparatifs, Stanley Haussner a souvent pensé à l'état d'esprit qui serait le sien au moment où il se retrouverait seul au-dessus de l'Atlantique. Il avait imaginé qu'il éprouverait une grande anxiété : peur d'une défaillance mécanique, de ne pas avoir les forces nécessaires, peur de l'inconnu, tout simplement. Mais rien de tel ne se produit. Il est parfaitement serein. Il ne ressent même pas la faim ou la fatigue. Il décide pourtant de se restaurer, car le trajet sera long. Toute la journée du 3 juin se passe ainsi, dans le ronronnement régulier du moteur. Progressivement, la lumière disparaît et, bientôt, une belle nuit étoilée la remplace. A 23 heures, Stanley Haussner calcule le chemin parcouru depuis Atlantic City : 2 240 kilomètres. Il est en avance sur ses prévisions. Il note la température extérieure : + 5°C. Avec cette absence totale d'incidents, le seul danger qu'il court est de s'assoupir, alors il chante des chansons à la mode, il récite des poésies qu'il a apprises à l'école, et la nuit s'écoule doucement. Stanley Haussner s'arrête soudain au milieu d'une chanson. Il vient de sentir une odeur d'essence. Il contrôle ses cadrans. Ils ne lui indiquent strictement rien, mais cela ne dissipe pas son inquiétude. Quelque chose se passe. En regardant mieux, il découvre qu'une légère buée se forme sur la vitre, mais pas à l'extérieur, à l'intérieur. Il n'y a aucun doute possible : de l'essence s'échappe dans l'avion. Il doit absolument trouver la fuite et l'enrayer ! Il se met à chercher fébrilement et finit par découvrir des traces d'humidité sur le tuyau amenant le carburant à partir du réservoir. Il ferme le circuit et actionne la pompe de secours. L'odeur ne tarde pas à cesser. Il est rassuré. Cela n'aura été qu'un incident mineur. A ce moment il se rend compte que l'aube approche. Absorbé par ses problèmes, il n'avait pas remarqué que des nuages phosphorescents vaguement rosés étaient apparus entre l'avion et la mer. Et, brusquement, le soleil se lève. Il est pourtant à peine 3 heures du matin, mais ce sont les jours les plus longs de l'année et, à cette latitude, les aurores sont encore plus précoces. Un peu plus au nord, en cette saison, c'est le soleil de minuit. Stanley Haussner n'en finit pas de s'extasier devant cette merveille de la nature. Il en a presque oublié l'incident technique. Le moteur ronronne toujours avec sa régularité d'horloge. Pendant une demi-heure, il voit le soleil monter à l'horizon. De nouveau, le seul danger qu'il redoute est de s'assoupir en l'absence de toute distraction. Pour lutter contre l'endormissement, il se met à vérifier ses appareils de mesure indiquant la vitesse, le cap, l'altitude. Et soudain il pousse un cri : l'aiguille du niveau d'essence vient de tomber brutalement à zéro. Cette fois, ce n'est plus un incident, c'est une panne majeure. La défaillance du tuyau n'expliquait pas tout : le réservoir principal avait en plus une fuite et une fuite importante puisqu'il s'est vidé en une demi-heure. Stanley Haussner ne perd pourtant pas son sang-froid. La situation, selon l'expression consacrée, est grave mais pas désespérée. Avec ce qui reste de carburant dans les réservoirs de secours situés dans les ailes, il peut effectuer treize ou quatorze heures de vol. C'est insuffisant pour aller en Angleterre et le raid a d'ores et déjà échoué, mais cela doit suffire pour atteindre l'Irlande. Par souci de sécurité, il s'assure de l'étanchéité de la tuyauterie des réservoirs. Sur l'aile droite, tout va bien. (à suivre...)