Menace n La diffusion gratuite de l'information sur le Web menace sérieusement la presse écrite dont les recettes publicitaires commencent déjà à chuter. Le Web n'a pas seulement révolutionné le monde, mais il a complètement changé l'ordre des choses. Les canaux traditionnels de l'information et de la communication sont les premiers à avoir subi cet impact «inattendu». Du coup, l'information n'est plus l'apanage de la télévision, de la radio et des journaux depuis l'arrivée de cette nouvelle technologie de l'information et de la communication. Certains observateurs assimilent déjà la venue de l'internet, il y a vingt ans, à celle de la télévision dans les années quarante et le bouleversement qu'elle avait provoqué à cette époque. Aujourd'hui, l'actualité nationale et internationale et toutes les nouveautés du monde sont beaucoup plus accessibles qu'elles ne l'étaient auparavant. Grâce à Internet, l'information s'invite rapidement et «gratuitement» dans nos maisons, aux bureaux, où que l'on soit et à tout moment. Le lecteur peut se passer, de ce fait, des éditions écrites des journaux et des magazines, du JT… Il accède aujourd'hui depuis son bureau à tous les journaux du monde entier, il peut voir un film ou une émission télévisée, consulter les archives sans se déplacer et sans perdre ni temps ni argent. Plus que ça, Internet a fait que le récepteur, dans la communication, devient aussi émetteur. Le lecteur n'est plus ce récipient d'informations diffusées par les médias. Il trie l'information qu'il veut consulter, répond, commente, critique… et apporte même des précisions aux informations et aux idées répercutées par les médias. Cependant, l'impact le plus dur ressenti par les médias traditionnels et particulièrement la presse écrite, est lié à la diffusion gratuite des informations sur le Net. En conséquence, les annonceurs publicitaires s'orientent, du moins dans les pays ne souffrant pas de la fracture numérique, vers la publicité en ligne au détriment de la presse écrite. Cette dernière perd de plus en plus son lectorat attiré par le web qui offre plus d'attractivité et d'alteractivité. Aux Etats-Unis, où des groupes de presse ont été fermés et frappés de faillite, de nombreux patrons de presse s'insurgent et grondent contre l'effondrement de leurs recettes publicitaires. Ils considèrent que la diffusion par de nombreux sites Internet d'informations gratuites, est un pillage illégal. «Nous sommes fous furieux et nous n'allons plus nous laisser faire. Nous ne pouvons plus nous contenter de regarder les autres voler notre travail», a indiqué récemment le président d'Associated Press (une coopérative de 1 400 journaux), tout en menaçant d'ester en justice les sites diffusant des informations gratuites sans autorisation. Selon l'association américaine des journaux, les recettes publicitaires de la presse écrite ont chuté de 17,7%. Pour certains observateurs, lancer une guerre contre la gratuité des informations sur le web ne servirait à rien. Pour eux, c'est trop tard et exiger des internautes le payement de leur consultation de ces informations serait une entreprise vaine. Lors d'une rencontre avec cette association, le P-dg de Google, Eric Schmidt, a invité les patrons de presse, qui l'ont critiqué sévèrement, à la collaboration. «Les journaux doivent considérer Google comme un partenaire et non comme un rival», a-t-il indiqué.