Peut-on parler de loisirs pour les adolescentes et les adolescents dans une société en état de stagnation et où la harga est l'unique perspective pour de nombreux jeunes. Le vide culturel, l'absence d'infrastructures d'accueil et de stratégie en direction de cette frange de la société a fait du mot loisir un luxe inaccessible. Si pour les adolescents, le stade demeure l'ultime lieu d'expression, pour les adolescentes ce sont les maisons de jeunes qui semblent devenir le refuge idéal pour quelques heures d'évasion. La couture, la peinture sur soie, la coiffure, l'initiation à l'outil informatique sont les activités qui attirent le plus les jeunes filles dont les familles tolèrent les sorties. Les capacités d'accueil de ces infrastructures, cependant, très réduites, ne sont présentes que dans les grands centres urbains et les chefs-lieux des communes. En milieu rural, il est aisé d'imaginer le quotidien des adolescentes qui y résident. Résignées, elles s'impliquent davantage dans les tâches ménagères. Une partie de la population adolescente s'avère, ainsi, ignorée, voire méprisée. Maintenant que le constat de l'insuffisance d'infrastructures de loisirs est établi, il serait intéressant d'évoquer les programmes qui sont dispensés dans le peu d'espaces qui existent. Pour apprendre la musique, à titre d'exemple, on doit, de toute évidence, pratiquer. Mais il se trouve que ces structures sont rarement pourvues de salles de répétition et d'apprentissage pour l'acquisition de ce genre de savoir. Par ailleurs, s'il n'est pas stipulé juridiquement qu'il s'agit d'espaces réservés aux garçons, les apprenantes féminines sont néanmoins très rares dans ces lieux. Il est, de ce fait, inutile de parler du nombre d'étoiles qui n'ont jamais brillé faute d'avoir pu extérioriser leurs dons...