La formation en post-graduation reste largement en deçà des attentes des étudiants. Pis, de nombreux étudiants inscrits en master ou en doctorat sont confrontés à des obstacles herculéens pour mettre en œuvre leurs projets de recherche. De l'aveu commun de ces désenchantés de la post-graduation, les programmes de magistère sont surchargés et les cours magistraux sont souvent bâclés. Mais, ce sont notamment les étudiants en fin d'études, lesquels doivent soutenir leurs thèses de recherche, qui souffrent le plus de ces péripéties «magistrales». «C'est une corvée. Je devais soutenir il y a près de six mois, mais les déficiences de notre laboratoire et le manque de matériel de recherche ont bouleversé mon cursus. Même pour trouver un encadreur, j'ai dû courir dans tous les sens. Si je savais que j'allais galérer comme cela, je serais parti étudier à l'étranger», confie sur un ton amer Amine, inscrit en master de biologie à l'USTHB de Bab Ezzouar. «Ce diplôme se transforme pour moi en un véritable cauchemar. Et pourtant, je rêvais de décrocher un master. Mais, ici, c'est tout sauf possible. A la bibliothèque universitaire, les livres font défaut. Pour les acheter, il me faut une fortune tellement ils sont chers. Mais, c'est surtout le niveau des professeurs qui m'a déçu. Ils sont eux-mêmes insuffisamment formés pour dispenser un enseignement de haut niveau. Quant aux travaux de recherche, je vous assure qu'ils sont ridicules dans notre université», explique encore Amine qui ne compte pas terminer son doctorat ici en Algérie. Pour sa part, Sara abonde dans ce sens. Avant de dérocher son magistère linguistique à l'école doctorale de la faculté de Bouzaréah, notre jeune «chercheuse» a éprouvé toutes les peines du monde à boucler son mémoire de fin d'études. «Je n'ai pas choisi mon sujet de recherche. Ici, ce sont les enseignants qui vous imposent un sujet de leur choix. Il faut dire que, lorsqu'un thème échappe à leur compétence, ils font tout pour vous en imposer un autre. C'est injuste», relève-t-elle en soulignant, par ailleurs, que la politique de l'encadrement des étudiants n'a «aucune logique scientifique». «Trouvez-vous normal qu'un enseignant encadre 4 à 5 étudiants dans une seule promotion ? La vérité, c'est qu'ils voient en nous des primes supplémentaires. Il faut savoir que pour chaque soutenance de magistère, un enseignant empoche 10 mille DA. Alors pour remporter le gros lot, ils prennent sous leur coupe le maximum d'étudiants. Ils se contrefichent de la qualité de votre mémoire ou de votre projet de recherche», regrette notre interlocutrice qui n'est pas la seule à dénoncer cette «mafia universitaire» qui s'arroge tous les privilèges de la post-graduation. «Les bourses et les stages à l'étranger sont régulièrement attribués aux enseignants qui occupent souvent des postes de vacataires alors que des étudiants dont les travaux de recherche nécessitent ces voyages en sont exclus. N'oublions pas aussi qu'une fois le magistère en poche, l'étudiant peut postuler pour un poste de maître-assistant dans un département. Mais là encore, ce sont les enseignants déjà en place, des collaborateurs ou des vacataires, qui sont privilégiés et avantagés. C'est malheureux», affirme Sara qui ne sait plus quoi faire de son magistère puisqu'on lui a bien fait comprendre qu'elle est persona non grata à l'université d'Alger. A. S.