Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Le système d'enseignement universitaire Licence-Master-Doctorat, mis en application depuis plusieurs années en Amérique du Nord et dans plusieurs pays européens, a fait une entrée fracassante en Algérie dès 2004. Considéré comme une nouvelle architecture des études supérieures, fondée principalement sur trois grades de licence (3 ans), master (5 ans) et doctorat (8 ans), le système LMD est avant tout une organisation des formations en semestres et en unités d'enseignement (UE). Ainsi, le nombre de crédits nécessaires pour valider le cursus licence est de 180 (6 semestres de 30 crédits), et celui du cursus master de 120 crédits supplémentaires (4 semestres de 30 crédits). Par ailleurs, les unités d'enseignement sont «créditables» et «capitalisables», c'est-à-dire «transférables dans l'espace et dans le temps». Dans ce sens, toutes les activités d'enseignement sont concernées par ce système de crédit, y compris les stages, mémoires et projets. De cette manière, le LMD permet la délivrance à l'étudiant d'une annexe descriptive aux diplômes dite «supplément au diplôme» afin d'assurer, dans le cadre de la mobilité internationale, la lisibilité de ces connaissances. Cependant, l'application d'un tel système exige un travail pédagogique plus collectif car une licence ou un master, c'est d'abord une équipe pédagogique qui définit et assume la diversité des parcours offerts aux étudiants. C'est aussi un accompagnement plus actif des étudiants par des enseignants tuteurs, des étudiants appelés à être plus acteurs de leur formation et de leur parcours, des moyens humains et matériels considérables et un développement de la recherche scientifique, car les laboratoires doivent accueillir des étudiants en première et deuxième années de master pour des stages de 6 à 8 mois. A ce propos, il faut signaler que l'université algérienne est, de l'aveu unanime de tous ses responsables, loin de posséder tous les moyens et atouts nécessaires à la mise en place du système LMD, et qui sont disponibles dans les grandes universités européennes et les universités privées et publiques américaines. C'est ce qui explique que le basculement de l'enseignement supérieur du système classique au système LMD ne s'est guère fait dans la tranquillité et la sérénité. Les mouvements de grogne ont été légion et certains étudiants ont carrément recouru, et continuent de le faire aujourd'hui encore, à la grève de la faim pour faire entendre leur protestation contre la généralisation du système LMD. Il faut dire que, dans les 45 universités qui se sont mises au LMD dans notre pays, l'université d'Annaba est la première à effectuer le passage de la licence au master, aucune d'entre elles n'a échappé à la protesta estudiantine. Si les étudiants s'estiment des cobayes livrés à eux-mêmes, les enseignants également relèvent qu'ils n'ont pas été associés à cette réforme. Alors où en est aujourd'hui le LMD ?