Le secteur du Btph (bâtiment, travaux publics et hydraulique) connaît un développement sans précédant, ces dernières années. En effet, les pouvoirs publics ont, depuis au moins 1999, inscrit ce secteur au cœur de la politique économique du pays. Toutefois, au-delà de la volonté affichée au plus haut niveau de l'Etat, ce développement est tributaire de la mise en œuvre de tous les moyens disponibles. La réussite des réalisations des différents chantiers mis en œuvre dépend de paramètres tels que la nature des matériaux de construction utilisés, la qualification de la main-d'œuvre, l'organisation des chantiers et la compétitivité des entreprises privées auxquelles l'Etat refuse de se substituer. Actuellement, il existe beaucoup d'entreprises privées nationales et le nombre continue d'augmenter. Toutefois, la main-d'œuvre qualifiée est rare. Il est désormais établi que les métiers de coffreur, ferrailleur, maçon et le personnel d'encadrement expérimenté sont plutôt des denrées rares. Les spécialistes indiquent qu'actuellement l'Algérie possède environs 12 000 architectes pour 1 541 communes soit un ratio de 8, également 2 500 ingénieurs soit un ratio de 2. Pour la main-d'œuvre qualifiée, on enregistre 450 000 diplômés de 900 centres de formation professionnelle. La disponibilité et la distribution des matériaux de construction demeurent des sources de goulots d'étranglement handicapants : les agrégats (le sable, le gravier de carrière etc) ont connu une hausse de prix vertigineuse. Les agrégats ainsi que le ciment sont des éléments déterminants dans le coût de chaque projet. La raison de la multiplication des prix des agrégats par 3 et 4 est la conséquence de l'interdiction de l'extraction du sable des rivières, alors que les carrières sont rares et insuffisantes. Le ciment quant à lui, malgré sa disponibilité sur le marché parallèle à des prix qui dépassent l'entendement, demeure introuvable dans les cimenteries censées alimenter le marché. Les raisons invoquées vont de la rupture de stocks dans les cimenteries pour cause de mauvaise gestion à l'arrêt technique programmé. La spéculation prend alors le relais et le sac de ciment atteint des prix imprévus et difficiles à soutenir par les entreprises. Les tensions ressenties ne sont pas seulement dues au fait que la production nationale soit insuffisante mais surtout à la forte demande du produit vu le nombre de grands projets d'infrastructures, (autoroute Est-Ouest, les différentes pénétrantes....) et des barrages sur tout le territoire national, en plus des programmes de logements. L'approvisionnement des chantiers de construction en matière de ciment connaît des dysfonctionnements graves. La première raison de ce fait est que les cimenteries ne peuvent tourner à plein régime et en tout temps. Il est des périodes d'arrêt, soit pour pause ou pour maintenance. Généralement les cimenteries prévoient, dans ce cas, des quantités de sécurité en stock. Cependant, sur le terrain, celles s'avèrent insuffisantes face à l'explosion de la demande et il s'ensuit une spéculation pour cause de déficit, même temporaire. Néanmoins, il est reconnu que le problème du ciment n'est pas dans la production. Le maillon faible se situe au niveau de la distribution et surtout du contrôle des entrepreneurs. Même si le prix du ciment a connu une légère hausse à la production au sein des cimenteries privées, de l'ordre de 2.5 % pour le vrac et de 3% à 4% pour le sac, les cimenteries publiques insistent, quant à elles, sur le fait qu'il n'y a pas eu d'augmentation des prix à leurs niveaux. Les experts soutiennent que la spéculation est donc la raison principale de la pénurie du ciment. Cette spéculation peut venir des entrepreneurs eux-mêmes. Prioritaires au niveau des cimenteries publiques, certains opérateurs font de la revente en l'état ou spéculent sur la vente des bons de livraisons pour renflouer leur trésorerie à sec à cause des lenteurs dans les paiements des situations de travaux. Le rond à béton, quant à lui, dont 80% de la demande est importée, a vu son prix augmenté parfois de plus de 100%. Etant donné que le rond à béton et le ciment sont déterminants à hauteur de 30 à 40% dans la réalisation du bâtiment, la persistance des fluctuations des prix engendrera certainement des hausses considérables dans les coûts de réalisation. S. B.