Les opposants syriens, notamment de l'intérieur, persistent à affirmer que les pourparlers de Genève doivent exclure le président syrien Assad. En Syrie, on affirme une autre réalité. Il ne saurait y avoir d'accord à Genève sans l'accord de l'actuel chef de l'Etat syrien. Ce dernier, dont les forces continuent à gagner du terrain sur le plan militaire, ne comptent aucunement céder à une opposition en perte de vitesse. L'opposition éclatée ne peut, si elle veut réellement une solution politique, qu'accepter les propositions du pouvoir syrien. Damas a été clair sur ce sujet hier. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a affirmé qu'aucune décision prise à la conférence de Genève-2 sur une solution au conflit syrien, ne sera effective sans l'accord du président Bachar al-Assad. «La délégation syrienne à Genève sera porteuse des directives d'Assad et les solutions qui seront proposées ne seront effectives que si le président Assad donne son accord», a-t-il affirmé, dans des déclarations publiées par la presse. Le responsable syrien a, par ailleurs, dénoncé les appels occidentaux à l'abdication de Bachar al-Assad qui, selon lui, «représente la souveraineté et l'unité de la Syrie». Il a d'ailleurs assuré que «derrière les portes closes, les dirigeants occidentaux disent qu'il n'y a pas de remplaçant à Assad». La conférence de paix de Genève-2 a été initiée par la Russie et les Etats-Unis afin d'amener régime et l'opposition armée à la même table de négociations. La Coalition de l'opposition syrienne a conditionné sa venue à Genève par l'exclusion d'Assad de tout rôle dans la phase transitoire. Le régime syrien exclut, pour sa part, un départ de M. Assad avant l'élection présidentielle prévue en 2014. Lors de la réunion de Genève-1, en juin 2012, les participants s'étaient mis d'accord sur la formation d'un gouvernement de transition tout en passant sous silence le sort de M. Assad. A Genève-2, «nous nous assoirons autour de la table et discuterons sans ingérence étrangère (...) et il y aura en fin de compte un gouvernement élargi», a indiqué M. Moqdad, soulignant toutefois qu'il y a «des réserves sur la participation de représentants des groupes terroristes armés», en allusion à l'opposition armée. Cette occasion a permis aussi au représentant de la diplomatie syrienne de s'en prendre au voisin turc. M. Moqdad a critiqué «la direction turque stupide qui a compromis les intérêts du peuple turc (...) en faisant venir Al Qaïda» sur son territoire. «Maintenant, les dirigeants turcs commencent à comprendre que les gens d'Al Qaïda vont se retourner contre eux, et ils commencent à changer leur politique» de soutien aux rebelles syriens qui veulent renverser le régime Assad. La Turquie a, en fait, commencé à nuancer ses déclarations depuis l'accord entre l'Iran et l'Occident. Est-ce une modification de la vision géostratégique turque à la lumières des développements dans la région ? La confirmation ou l'infirmation de cette supposée réorientation se précisera dans les prochaines semaines. M. N./agences