Le gouvernement est, semble-t-il, déterminé à venir à bout de l'anarchie urbanistique qui ne cesse d'enlaidir ces dernières années, et dans des proportions très alarmantes, toutes les villes du pays. Pour prouver sa bonne volonté, l'Exécutif s'apprête à promulguer prochainement de nouveaux textes d'application relatifs à la loi fixant les règles de mise en conformité des constructions en vue de leur achèvement. L'annonce en a été faite jeudi dernier par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Noureddine Moussa, lors de la cérémonie d'installation du Conseil national de l'ordre des architectes. Ces textes devant paraître au Journal officiel constitueront, selon le ministre, «un outil pour une meilleure prise en charge du milieu urbain et l'amélioration de l'état des agglomérations en associant le citoyen à la nouvelle dynamique en vue d'une réhabilitation du cadre bâti aussi bien dans les villes qu'au niveau des villages», a précisé à ce sujet Nourredine Moussa. Par ailleurs, ces textes, qui «prévoient des dispositifs techniques en direction des dizaines de milliers de citoyens, favoriseront la régularisation de leurs habitations restées en suspens durant des années au niveau des collectivités locales et des organismes concernés», a-t-il encore indiqué. Ainsi, l'objectif que se sont assigné les pouvoirs publics consiste à mettre un terme aux constructions inachevées et d'examiner les moyens de mise en conformité des constructions achevées ou en cours de réalisation en vue de leur achèvement. Pour ce faire, les propriétaires de constructions inachevées, ayant entamé les travaux sans permis de construire, conformément à la loi, pourront bénéficier, après l'adoption définitive de ces textes, d'un permis pour l'achèvement de leurs travaux, explique à ce propos le ministre tout en précisant que les propriétaires de constructions achevées mais ne disposant pas d'un permis de construire pourront régulariser leur situation en demandant simplement un permis de construire auprès des services compétents. Cette mesure apportera, sans nul doute, du baume au cœur à des dizaines de milliers de citoyens qui craignaient le pire pour leurs demeures car ils trouvaient beaucoup de peine à régulariser comme il se doit leurs habitations. Revenant sur la loi fixant les règles de mise en conformité des constructions en vue de leur achèvement, Nourredine Moussa a affirmé qu'elle vise l'introduction d'amendements en matière d'urbanisation à travers une batterie de dispositions habilitant les autorités administratives et législatives à intervenir, dans un cadre juridique adéquat, pour mettre fin à l'anarchie urbanistique. Sur un autre registre, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a annoncé que la loi de 1997, portant institution de la profession d'administrateur des biens fonciers, «sera partiellement modifiée et fait actuellement l'objet d'une évaluation au niveau du ministère en vue d'en consolider les aspects positifs et d'épurer les aspects négatifs». Se gardant de se prononcer sur la date de présentation de ce texte de loi modifié, Nourredine Moussa n'a pas manqué d'indiquer que, à ce jour, 300 administrateurs des biens fonciers ont reçu l'agrément du ministère de l'Habitat. A cet égard, le département de Nourredine Moussa s'apprête à initier une campagne nationale de sensibilisation des citoyens à «l'importance de solliciter les services de ces agents en vue d'une meilleure gestion du cadre urbain». Il est à souligner enfin que l'Etat a affecté 300 milliards de dinars aux programmes d'aménagement des agglomérations et de préservation du cadre bâti depuis 2006 jusqu'à la fin 2008, a fait savoir jeudi Noureddine Moussa. Selon les dires du ministre, cette enveloppe financière a été allouée «pour pallier un manque qui a duré des années en matière d'aménagement des nouvelles cités sur tout le territoire national». A ce titre, des programmes pour la rénovation des anciennes bâtisses ont été lancés au niveau de plusieurs wilayas, dont Alger, Oran, Constantine et Annaba, a précisé le ministre, ajoutant en dernier lieu que la wilaya d'Oran à elle seule a bénéficié d'une enveloppe de 1,5 milliard de dinars en 2008 pour la rénovation et l'aménagement de ses anciens quartiers. A. S. Le rôle particulier de l'architecte Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Nourredine Moussa, a accordé une attention particulière aux nouveaux membres du Conseil national de l'ordre des architectes élus en décembre dernier. Intervenant devant ces derniers, Nourredine Moussa a mis en avant le rôle qui incombe à l'architecte, appelant ainsi le conseil à «accorder un intérêt particulier aux spécificités socioculturelles locales dans la conception des schémas des cités et villages». Il a également souligné l'importance de «la formation des architectes membres du conseil en vue de leur permettre de prendre connaissance des dernières évolutions du métier au niveau mondial». Dans ce sillage, le ministre a annoncé que le conseil de déontologie «sera réhabilité dans les plus brefs délais». C'est dire enfin que dans sa guerre contre l'anarchie urbanistique, le gouvernement a donné aux architectes une place de choix. A. S.