Le Groupe Sonatrach évolue, aujourd'hui, dans une industrie pétrolière gagnée par une concurrence accrue. Le Groupe, qui se déploie aussi bien au niveau local qu'à l'international, essaye de préserver ses parts de marché, et sa position dans le «gotha mondial» des compagnies pétrolières et gazières. Et il n'est pas mal classé. Sonatrach occupe la 1re place à l'échelle africaine, la 14e au niveau mondial. Elle est classée 13e compagnie mondiale en ce qui concerne les hydrocarbures liquides (réserves et production), 6e en matière de gaz naturel (réserves et production). Le Groupe Sonatrach, c'est aussi le 4e exportateur mondial de GNL et le 3e exportateur mondial de GPL. Sonatrach a radicalement changé depuis la nationalisation des hydrocarbures. Le contexte énergétique international aussi. La compagnie nationale des hydrocarbures se développe aujourd'hui dans un secteur sous-tendu par une nouvelle législation pétrolière qui n'a pas «sacrifié» la formule partage de production, un régime adopté par nombre de pays pétroliers dans le monde. L'aisance financière, le pays la vit depuis plus de dix ans, grâce à la reprise des prix de l'or noir, mais également au volume des exportations pétrolière et gazière qui gagne en épaisseur, malgré un déclin dans la production, qui est conjoncturel à en croire les responsables en charge de ce secteur. Il reste que le pays étant membre de l'Opep, est, à ce titre, soumis au système des quotas. C'est-à-dire qu'il ne met pas sur les marchés pétroliers toute la production de brut qu'il extrait. Le pays exporte pour plus de 1,2 million de barils par jour. Sonatrach investit massivement et dans l'aval et dans l'amont, selon un canevas de développement à objectif à moyen et long terme. Les récentes découvertes enregistrées démontrent le riche potentiel pétrolier et gazier du pays, ainsi que les capacités d'exploration et d'exploitation à l'international dont dispose Sonatrach. Celle-ci a mis en valeur l'expertise qu'elle a acquise au fil des années, une expertise qui a permis l'introduction de nouveaux concepts et techniques d'exploration, à l'origine de la découverte de nouveaux gisements d'hydrocarbures. L'option du partenariat prise dans le partage du risque exploratoire a permis d'intensifier les efforts d'exploration. Depuis le début des années 2000, une importante impulsion a été donnée aux efforts d'exploration grâce à l'attractivité du domaine minier algérien. Elle est renforcée par la mise en place de la procédure d'appel d'offres qui garantit une plus grande transparence et qui draine plus d'opérateurs étrangers. Ce partenariat, Sonatrach l'a mis également à l'épreuve, quand elle a décidé de s'engager dans de grands projets gaziers à l'exemple du Medgaz. C'est un chantier pharaonique sur lequel travaillent Sonatrach et ses associés depuis plusieurs années. Ce gazoduc, qui relie l'Algérie à l'Espagne, a été réceptionné et mis en mode commercial. L'Algérie couvre près de onze pour cent des besoins énergétiques de l'Europe. Elle en assurera un peu plus au cours des exercices 2015-2017 avec les deux projets de gazoducs Medgaz et Galsi (Algérie-Italie). Ces deux projets donnent de l'ampleur à l'activité à l'international de Sonatrach. Au plan législatif, le pays a opté pour plus de libéralisation dans le secteur pétrolier. Et s'il y a une loi qui a fait beaucoup de bruit et fait couler énormément d'encre, c'est la législation sur les hydrocarbures approuvée par l'APN en 2005. Cette loi, on s'en souvient, a tellement focalisé les débats et provoqué des levées de boucliers qu'elle a été gelée en 2003. Elle est passée au final, et sans tumulte, à l'Assemblée. L'économie tout entière évolue actuellement autour d'un centre de gravité qui s'appelle le pétrole, ressource non renouvelable. Le gaz reste, lui, une source privilégiée d'énergie domestique et industrielle, une matière propre, une industrie d'exportation. Le gisement de gaz le plus important est celui de Hassi R'mel, découvert en 1956 et dont les réserves initiales prouvées sont estimées à 3 040 milliards de mètres cubes. Outre le gaz, le pays s'intéresse à développer les énergies renouvelables dont Desertec constitue le projet moteur. Cela s'inscrit dans un cadre plus global dont l'objectif fondamental est de faire émerger des secteurs hors hydrocarbures, porteurs de croissance et de richesse. En résumé, quatre décades après la nationalisation des hydrocarbures, la compagnie pétrolière (Sonatrach) est passée du tout au tout. Elle fait du chiffre. Elle a réussi à s'allier à de prestigieux groupes pétroliers et gaziers dans le monde et avec lesquels elle négocie d'égal à égal. Elle s'est fait un nom au plan régional, mais également international. Elle s'est construit une bonne réputation, même si celle-ci a été écorchée par le scandale qui a secoué le Groupe en 2009. Y. S.