À peine entamée, la précampagne électorale est sournoisement parasitée et obscurcie par des personnages douteux qui roulent ouvertement pour d'étroits intérêts personnels. Aveuglés par l'avarice et le culte du pouvoir, les protagonistes de cette descente aux enfers se montrent déterminés à mettre le feu sur tout ce qui bouge. Un discours, factieux et borné, qui faire craindre des dérapages autrement plus dangereux. Le débat, tant attendu, sur la situation présente du pays et ses perspectives pour le prochain quinquennat, a été cruellement escamoté par la violente irruption des dobermans. L'invective, la calomnie et l'insulte se sont lamentablement substituées à la saine confrontation des idées et des programmes. Les médias, toujours friands de ce type d'accrochages sulfureux, en font leurs choux gras. Dans ce haineux déballage de linge sale, qui frise l'immoralité la plus abjecte, rien n'échappe à la furie des mercenaires de la politique. Sans discernement aucun, des attaques en règle sont lancées contre les institutions de l'Etat et les personnalités qui les incarnent. Les services de renseignement, la présidence de la République, le Parlement, le gouvernement, la justice et les médias nationaux, aucune institution de la république ne trouve grâce aux yeux de ces nervis survoltés. Les échanges de coups bas ont atteint un seuil intolérable. L'honneur, la sacralité et l'intimité, des personnes morales et physiques, n'ont pas été épargnés. Dans cette mêlée de voyous, la voix de la raison et du bon sens reste malheureusement inaudible. Au moment où les Algériens s'attendaient à une véritable rivalité en termes de réflexions et d'alternatives politiques, sécuritaires, socioéconomiques et culturelles, des énergumènes incultes se sont saisis de la place publique pour s'échanger, toute honte bue, des insanités et des vulgarités. Ces seconds couteaux, échappant visiblement à tout contrôle, sont en train de semer la pagaille sur l'élection présidentielle en entachant, au passage, la crédibilité de l'Etat algérien. Les Saâdani, Aboud, Semraoui et compagnie, protagonistes ténébreux et fantasques, par médias interposés, profanent publiquement la parole, soldent leurs propres comptes et sabordent le débat fructueux tant espéré par les électeurs. Ils se donnent en spectacle, non pas à leurs compatriotes, qui voient cette foire d'empoigne d'un très mauvais œil, mais aux étrangers et aux ennemis de la patrie qui ne se gênent pas d'entretenir le brasier. Ces faux jetons doivent tous se taire, maintenant qu'ils ont vidé leurs sacs infects. Ils doivent, de gré ou contraints, céder le micro aux hommes de bonne volonté qui ont vraiment des choses à dire. Les candidats à la candidature n'ont que deux mois pour partager leurs idées, leurs projets et leurs aspirations avec tous les Algériens. C'est un délai trop court. Ils ne doivent plus se laisser dépouiller de la sorte par des gens sans scrupule qui, dans les faits, sont en train de les étouffer. Leurs soutiens, parmi la classe politique et au sein de la société, sont pareillement appelés à se démener pour remettre les pendules à l'heure et rendre la parole à ceux qui la mérite. Que l'on soit pour ou contre untel, il y a une éthique élémentaire à respecter, de la bienséance dans le discours et, surtout, de la valeur. On ne parle pas rien que pour parler. Les déclarations fracassantes, les accusations et les insultes, tous les Algériens le savent, n'ont jamais contribué à l'amélioration de quoi que ce soit. Bien au contraire, cela empêche la bonne marche du pays, obstrue les sorties de crise, créé la suspicion et consacre le doute. Non, les Algériens ne veulent pas, et ne méritent pas, toutes ces insanités ! K. A.