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Le doberman en campagne et les chiens de la campagne
Publié dans Liberté le 13 - 07 - 2003

Hadjar n'a pas absorbé la relation que la presse a faite de ses frasques putschistes. Dans une lettre où il se dénonce en s'octroyant l'euphémique titre de porte-parole du “mouvement pour le redressement du VIIIe congrès du FLN”, il s'en prend avec une rage révélatrice d'une perversion canine contre la presse, tout particulièrement à l'endroit de Liberté. L'auteur de l'article, qui expose la fonction de doberman confiée à l'ambassadeur, et le responsable du journal sont insultés en des termes qui donnent la mesure de la misère de notre diplomatie. Selon ce plénipotentiaire du temps de la peste, ils feraient “partie d'une race canine qui vit dans les campagnes algériennes connue pour le fait qu'elle aboie beaucoup la nuit et qu'elle vit des excréments des hommes le jour”.
À ce stade de préciosité, ce n'est plus de rage qu'il est imputable ; il relève d'une intervention qui n'est pas de la compétence de la presse. Nous nous en tenons donc à exposer l'étalon verbal d'un furieux énergumène transformé par la décadence de la République en émissaire doté du pouvoir de représenter une nation. L'obscénité, quand elle soutient la canaillerie, renvoie à une autre culture que celle de l'information et du débat.
Nous ajouterons juste notre écœurement devant ce qui est, par le statut de son auteur et par la force des choses qui en ont fait notre représentant au pays d'une civilisation millénaire, un langage d'Etat.
Dépourvu à ce point du minimum de culture qui lui aurait permis de discerner le propre et le figuré, Hadjar a répondu à l'image par l'insulte la plus crue. Il n'est pas dans la mission des journalistes de mesurer l'insuffisance d'hommes propulsés politiques par un Etat qui décidément fait dans l'élevage des médiocres. Et qui l'humilient à la première occasion. Nous voilà donc renseigné, et de manière éclatante, sur le cas Hadjar. Nous en tiendrons désormais compte.
Nous devons tout de même enregistrer qu'outre le lot d'insanités, l'ambassadeur, auquel les chiens ne sont décidément pas étrangers, nous apprend que le doberman “est un chien de race allemande, respecté et apprécié des amateurs d'animaux de compagnie”. Nous nous excusons donc auprès du doberman et des amateurs de chiens de compagnie.
M. H.


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